Des dizaines de blessés par des armes de guerre

Le 17 janvier dernier le projet de l’aéroport était définitivement abandonné. Ce projet de construction était la raison première de l’opposition qui s’est installée à NDDL durant ces dernières années. L’opération César menée en 2012 pour éradiquer cette "zone de non droit" s’était soldée par un échec et surtout la réinstallation presque immédiate de la ZAD. Comment éviter que ce scénario ne se reproduise ? Macron a décidé de frapper fort et vite, déployant sur le terrain 2 500 CRS chargés de déloger quelques centaines de "zadistes", et prêts à rester ensuite quelques temps pour empêcher le retour des occupants. Une opération extrêmement coûteuse mais qui tirerait un trait définitif sur NDDL, cette épine dans le pied des gouvernements passés.

L’opération dure donc depuis trois jours et sa médiatisation est contrôlée de À à Z par le gouvernement qui en fait une grande opération de communication. Les photos relayées s’apparentent à de véritables scènes de guerre. Les réactions ne se sont pas fait attendre sur les réseaux sociaux dénonçant une répression démesurée dans la zone. Depuis lundi, on compte quelques dizaines de blessés dont certains ont dû être hospitalisés d’urgence. En effet, les CRS étaient attendus de pied ferme par les "zadistes". Leur arrivée a donné lieu à de multiples affrontements. Ce mercredi, pour l’ouverture du troisième jour de répression sur la ZAD, des soutiens sont venus prêter main forte. Des soutiens, accompagnés de manifestations en solidarité un peu partout en France, qui ont été violemment réprimés ce mercredi après-midi à coups de grenades lacrymogènes, de grenades à effet de souffle et grâce au déploiement de blindés. 

Des députés LREM veulent calmer le jeu

Le gouvernement a décidé d’attaquer et de réprimer brutalement avec un déploiement militaire inédit. Face à cette forte répression, les occupants reçoivent de plus en plus de soutiens qui protestent contre cette démonstration de force qui risque de coûter des vies et de détruire la zone. Depuis mardi, face aux images de violences sur la ZAD, deux députés LREM ont déclaré qu’ils souhaiteraient que les CRS fassent une "pause" pour stopper la "spirale des violences". Des inquiétudes exprimées au sein de la majorité de Macron qui a décidé d’opérer un tournant répressif cette semaine avec NDDL mais également avec l’envoi de forces de police sur les universités mobilisées contre le plan Étudiants ou la répression des dernières manifestations des cheminots en grève. Un tournant qui contraste avec l’absence d’épisodes violemment répressifs tels qu’on avait pu en connaître sous Hollande et dont Macron s’était abstenu jusqu’ici. Si ce changement inquiète c’est bien parce que la situation pourrait s’envenimer et allumer la mèche.

Macron, droit dans ses bottes

Ce mercredi, en réponse aux doutes des députés LREM et aux nouveaux affrontements plus violents que les jours précédents, Macron a déclaré à l’assemblée nationale qu’il n’y aurait pas de pause, et que les "opérations vont se poursuivre dans le même esprit, avec la même fermeté et avec la même mesure ». Le président compte donc rester fidèle à son agenda et ne pas céder sur ce front alors même qu’il est pris sur de multiples autres (cheminots, étudiants, retraites etc.). Des déclarations dans l’hémicycle renforcées par un ensemble d’apparitions dans les médias, c’est ce qu’il escompte utiliser pour garder l’opinion de son côté. Mais rien n’est gagné.

Crédits @Nantes révoltée