Boris Lefebvre

Rémunérer ses proches dans des postes d’attachés parlementaires bidons ou pour « être payé à tricoter  » comme le rappelait Florence Portelli, porte-parole de Fillon, c’est une pratique courante de népotisme en démocratie bourgeoise. Mais Fillon a plus d’un tour dans son sac. En plus d’embaucher ses enfants à des postes qu’ils n’avaient vraisemblablement pas le temps d’occuper, il s’est arrangé pour récupérer l’essentiel des revenus qu’il leur a octroyé. En sa qualité de sénateur, Fillon s’est donc auto-financé par l’intermédiaire de ses enfants, une sorte d’évasion fiscale familiale.

La principale source de revenu supplémentaire vient de Marie Fillon. Attachée parlementaire auprès de son père au Sénat sur la période 2005-2006, l’élève avocate, déjà submergée par la préparation de son concours du barreau, a trouvé le temps de fournir des recherches documentaires pour le livre de son père. Honoré de plus de 3000 euros par mois pour une somme totale de 46 000 euros, elle en a rendu plus de 33 000 à ses parents, afin de les rembourser des frais de son mariage qui s’est tenu à l’été 2006. Outre le soupçon légitime d’emploi fictif de sa propre fille, on peut maintenant penser que Fillon sait comment organiser à l’avance des festivités coûteuses financées sur l’argent publique. Le mariage de sa fille a, en effet, coûté près de 44 000 euros. L’embaucher et récupérer les fonds après était une opération facile pour se payer une fête inoubliable.

Mais ce n’est pas tout. Charles Fillon a également profité des largesses de son père. Embauché de janvier à juin 2007 en tant qu’assistant parlementaire, il a reversé plus de 8000 euros sur les 30 000 qui lui ont été donné. En plus d’employé son fils sur la préparation de la campagne de Nicolas Sarkozy et ainsi de financer illégalement cette dernière, Fillon a trouvé une occasion en or de se faire rembourser les frais de logement de son fils ainsi que son argent de poche. Charles peut donc dormir sur ses deux oreilles, l’argent publique finance son appartement et ses loisirs.

Les magouilles de Fillon sont, jour après jour, toujours plus insultantes pour la majorité de la population. Habitué à piocher dans les caisses de l’État, à voler et détourner les fonds publics, son discours moralisateur sur les travailleurs qui doivent apprendre à se serrer la ceinture est toujours plus cynique. Son « projet pour la France » récemment dévoilé donne le ton. On ne voit désormais plus que la duplicité d’un candidat qui veut l’austérité pour les autres et défendre les privilèges pour les siens. Il est grand temps de mettre fin à ce système de corruption et de détournement de fond généralisé, encouragé par ce système.

Son rendez-vous devant le juge d’instruction a été avancé, et les chefs d’inculpation sont plus qu’accablants, malgré cela, François Fillon continue sa politique jusqu’au-boutiste qu’il avait déjà savamment préparé.