Un quota « très inférieur à 100 000 » personnes par an, voilà le nombre « d’entrées » que François Fillon souhaite dans son programme réactionnaire, alors 200.000 titres de séjour attribués chaque années, sous la gauche comme précédemment sous Sarkozy. Alors que 65 000 étudiants viennent en France chaque année, Fillon veut réduire cette formidable ouverture sur le monde et prône un repli sur soi national. Mais le plus grave, c’est que le candidat LR entend imposer au regroupement familial lui-même des quotas. Ainsi, fini le droit d’avoir une vie de famille si par malheur le quota est atteint et que les membres de la famille sont séparés. Il faudra attendre l’année suivante si tant est qu’il y ait encore de la place.

En jouant sur le registre de l’assimilation et de la capacité d’accueil prétendument restreinte de la France, Fillon assume totalement une immigration choisie, économique et discriminante. Le choix des immigrés se fera en fonction des besoins intérieurs du marché, ce qui revient à considérer les immigrés comme une main d’œuvre corvéable à souhait et bon marché. Mais ce choix sera également discriminant car le candidat réactionnaire et ultra-libéral entend aussi sélectionner les immigrés selon leur pays d’origine, en fonction des « régions du monde vers lesquelles nous voulons nous tourner ». Le cynisme en matière d’immigration aura rarement été assumé avec autant de franchise.

Dans le droite lignée des mesures précédentes, Fillon promet d’établir des statistiques ethniques, procédé cher au maire de Bézier. Après la stigmatisation économique, ce sera la stigmatisation raciale qui sera en première ligne des politiques d’immigration. Afin d’optimiser la « la réalité du peuplement de la France », racisme et capitalisme marcheront main dans la main, plus qu’avant encore. Toujours dans son délire de rentabilité à outrance, Fillon veut supprimer l’aide médicale d’Etat (AME) pour les immigrés en situation régulière et leur interdire pendant deux de pouvoir bénéficier des aides sociales.

Ce que Sarkozy n’a pas osé faire, bien qu’il ait émis l’idée des quotas en 2005 et surtout après 2007, Fillon le rêve en grand. Ce qui était honteux, il y a peu, à droite, est désormais assumé au grand jour. Plus que jamais, elle empiète sur les terres du FN et s’approprie les éléments les plus rétrogrades de son programme. La composante réactionnaire de Fillon a trouvé un boulevard de haine traditionnelle pour laisser libre cours à l’expression d’une xénophobie chevillée au corps.