×

« Mission accomplie »

Fin de partie pour le « Chapo », le plus célèbre des barons de la drogue ?

Au bout de six mois de cavale, après s'être évadé de la prison de haute sécurité dans laquelle il était incarcéré, le célèbre baron de la drogue mexicain Joaquín « El Chapo » Guzmán a été arrêté à nouveau par les forces de sécurité. La nouvelle a été annoncée vendredi 8 janvier par le président mexicain, EnriquePeña Nieto, depuis son compte tweeter et présentée comme une réussite du gouvernement : « mission accomplie ».

Facebook Twitter

Rédaction de La Izquierda Diaro-México

Vendredi 8 janvier, le présidentEnriquePeña Nieto a annoncé que le narcotrafiquant le plus puissant du pays avait été arrêté une troisième fois. Grâce aux réseaux de corruption qui sont à l’œuvre dans les hautes sphères de la classe politique et militaire du pays, le baron de la drogue avait déjà réussi à s’évader d’une prison de haute sécurité à deux reprises, d’abord sous la présidence de Vincente Fox, puis en juillet dernier.

L’évasion d’El Chapo n’était que le dernier des coups durs encaissés par le gouvernement de Peña Nieto déjà mis à mal par la crise ouverte par la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa, avec la complicité de la police et de l’armée, et une série de scandales de corruption.

La nouvelle de l’arrestation d’El Chapo est une importante bouffée d’oxygène pour le gouvernement de Peña Nieto. La disparition des étudiants d’Ayotzinapa tout comme la fuite d’El Chapo avaient miné la légitimé du gouvernement et des forces de répression de l’État mexicain. Le gouvernement espère se relégitimer en présentant cette nouvelle comme une grande victoire à travers une large campagne de communication.

Cette arrestation advient quasiment dix ans après le début de la « guerre contre le trafic de drogue » et la militarisation du pays qui a fait plus de 200 000 victimes, des dizaines de milliers disparus et autant de déplacés.

Selon des sources officielles, El Chapo a été appréhendé dans l’Etat de Sinaloa, lors d’une opération militaire au cours de laquelle plusieurs agents et soldats auraient perdu la vie. Selon d’autres versions, il aurait été dénoncé par des habitants. Certains journalistes avancent même l’hypothèse des plus plausibles qu’il aurait été retrouvé par l’intermédiaire des services secrets nord-américains qui agissent en toute impunité sur le territoire mexicain.

Les scandales de corruption à répétition, le ralentissement significatif de l’économie, la dépréciation incessante du peso mexicain par rapport au dollar, la chute du cours du pétrole et le refus faire toute la lumière sur certains meurtres, sur les enlèvements et la disparition des étudiants d’Ayotzinapa avaient jeté un discrédit sur le gouvernement de Peña Nieto. La fuite du Chapo avait fait le reste. L’Exécutif espère par conséquent que l’arrestation du narcotrafiquant restaurera sa crédibilité alors que le pays s’apprête à vivre plusieurs séquences électorales cette année. L’enjeu serait ainsi de dévier l’attention des grands problèmes auxquels le pays est confronté.

Sachant que le Chapo devrait être extradé au plus vite en direction des Etats-Unis, un doute existe quant au « deal » qui aurait été réalisé entre México et Washington, le gouvernement étatsunien assurant Peña Nieto de tout son soutien face aux échéances à venir en cas de capture. Washington veut s’assurer qu’à l’instar d’autres barons de la drogue colombiens ou mexicains, un temps très proches des services secrets locaux ou américains, le Chapo va finir ses jours dans un pénitencier aux Etats-Unis.

Néanmoins, l’annonce de la capture du plus connu des barons de la drogue ne suffira pas au gouvernement pour jeter un écran de fumée sur les problèmes auxquels ont à faire face les Mexicains. Les inégalités et le coût de la vie n’ont pas disparu, pas plus que le ras-le-bol populaire contre les réformes voulues par le gouvernement, contre les féminicides, la militarisation du pays et les attaques contre les travailleuses et les travailleurs des maquiladoras des Etats du Nord du Mexique.

Trad. IM et CT


Facebook Twitter
Netanyahou compare les étudiants américains pro-Palestine aux nazis dans les années 1930

Netanyahou compare les étudiants américains pro-Palestine aux nazis dans les années 1930

Etats-Unis : la mobilisation de la jeunesse étudiante attise les difficultés de Biden

Etats-Unis : la mobilisation de la jeunesse étudiante attise les difficultés de Biden

Du Vietnam à la Palestine ? En 1968, l'occupation de Columbia enflammait les campus américains

Du Vietnam à la Palestine ? En 1968, l’occupation de Columbia enflammait les campus américains

Hongrie : 4 antifascistes menacés de jusqu'à 24 ans de prison ferme pour leur lutte contre des néo-nazis

Hongrie : 4 antifascistes menacés de jusqu’à 24 ans de prison ferme pour leur lutte contre des néo-nazis

Mumia Abu Jamal, plus vieux prisonnier politique du monde, fête ses 70 ans dans les prisons américaines

Mumia Abu Jamal, plus vieux prisonnier politique du monde, fête ses 70 ans dans les prisons américaines

Surenchère xénophobe : La déportation des migrants vers le Rwanda adoptée au Royaume-Uni

Surenchère xénophobe : La déportation des migrants vers le Rwanda adoptée au Royaume-Uni

Argentine : 1 million de personnes dans les rues pour défendre l'université publique contre Milei

Argentine : 1 million de personnes dans les rues pour défendre l’université publique contre Milei

États-Unis. L'université de Columbia menace d'envoyer l'armée pour réprimer les étudiants pro-Palestine

États-Unis. L’université de Columbia menace d’envoyer l’armée pour réprimer les étudiants pro-Palestine