Ce mardi matin, une assemblée générale réunissait la rédaction pour savoir si le mouvement de grève entamé il y a 9 jour continuerait. Sur 128 votants, 107 se sont prononcés pour la reconduction, et seulement 2 personnes contre ; le mouvement est donc reconduit jusqu’à mercredi midi, pour porter les revendications des salariés qui demandent tout simplement à leur patron de pouvoir travailler dignement. En effet, depuis l’arrivée de Vincent Bolloré au groupe Canal, les conditions de travail se sont dégradées, tandis que les chaînes et les équipes vivent dans la précarité constante, et la peur de voir leurs postes supprimés du jour au lendemain. Leurs revendications vont d’ailleurs dans ce sens : plus de moyens pour la chaîne, indépendance éditoriale vis-à-vis du groupe, instaurer une charte éthique, mais aussi la définition d’une ligne éditoriale claire et reporter (voire annuler) la venue de Jean Marc Morandini, accusé de « corruption de mineur aggravée ». En effet, comment ne pas se révolter quand on sait que ce dernier est embauché, en dépit des casseroles qu’il traîne, mais qu’aucune subvention n’est accordée aux journalistes souhaitant couvrir les événements à Mossoul ?

Cependant, celui qui possède la chaîne n’entend pas les choses de la même manière et fait tout pour démoraliser les salariés et faire taire le mouvement. Pendant le week-end, le déménagement d’une partie de la rédaction, qui doit faire de la place pour l’équipe du journal Direct Matin, a vu de nombreuses affaires personnelles des travailleurs être simplement jetées à la poubelle. Cette mesure a été prise alors que le CHSCT n’avait même pas statué sur le déménagement : il ne s’agit pas d’autre chose que d’un coup de force. De plus, l’actionnaire, qui compte renommer la chaîne I>télé en C-News a fait l’affront de changer dès à présent le logo sur la façade du bâtiment de travail, le renommant News Factory, littéralement « usine à info » : de quoi faire rêver !

Mais au-delà des revendications des employés de la chaîne, cette mobilisation fait écho à une mobilisation plus large dans le milieu médiatique, notamment pour plus de transparence quant aux relations qu’entretiennent les grandes figures médiatiques, les politiciens et les grands industriels propriétaires des médias. Car certains journalistes, pourtant relais de l’idéologie dominante, commencent eux-mêmes à s’indigner contre le manque de moyens alloués au travail de terrain, favorisant des émissions de mauvaise qualité, la promotion des produits du groupe propriétaire et la mainmise des actionnaires sur la ligne éditoriale, allant dans le sens d’un discours unique, reflet de la voix de ceux qui sont au pouvoir.