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Islamophobie

Interdiction de l’abaya : les organisations lycéennes devant le Conseil d’Etat pour suspendre l’arrêté

Ce mercredi, le Conseil d’État étudiait le recours déposé par les organisations La Voix Lycéenne et Le Poing Levé contre l’interdiction des abayas dans les écoles. L’occasion pour celles-ci de rappeler le caractère discriminant et islamophobe de la mesure mise en place par Gabriel Attal.

Lorélia Fréjo

19 septembre

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Interdiction de l'abaya : les organisations lycéennes devant le Conseil d'Etat pour suspendre l'arrêté

Crédits photos : Révolution Permanente

Les représentants des organisations lycéennes ne pouvaient pas laisser passer la grande mesure islamophobe de la rentrée. Ce mercredi, a eu lieu l’audience au Conseil d’État d’un référé de suspension de la circulaire d’interdiction des abayas, déposé par les organisations de jeunesse, Le Poing Levé, La Voix Lycéenne, et avec l’appui de L’Union Étudiante, de l’organisation féministe Nous Toutes et du syndicat Sud-Éducation. La semaine dernière, le Conseil d’État avait rejeté un référé-liberté de suspension de l’interdiction des abayas, déposé par l’association Action droits des musulmans. « L’interdiction de ces vêtements ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale » expliquait le communiqué justifiant cette décision.

Ce nouveau référé a pour objectif d’appuyer le premier, et attaque l’interdiction de l’abaya non pas sur le respect des droits fondamentaux comme le premier, mais sur le respect des lois sur la laïcité et le caractère discriminant de la mesure. Comme l’explique Ariane Anemoyannis, militante au Poing Levé, ce recours contre l’interdiction de l’abaya a vocation à montrer que « l’interdiction de l’abaya est une mesure patriarcale et islamophobe, à visée sécuritaire, qui a pour objectif d’amplifier la répression sur les jeunes qui se sont révoltés après la mort de Nahel ».

Durant la séance, les avocates des organisations lycéennes Maître Simon et Ogier, ont insisté sur l’atteinte « aux principes de laïcité » que constitue la circulaire du gouvernement sur l’abaya, en tant qu’elle laisserait au ministère de l’éducation le rôle de définir le caractère religieux d’un vêtement. « Cette circulaire nous semble particulièrement dangereuse dans ce qu’elle opère comme compétence du ministre de caractériser ce qui est ou non religieux » a ainsi déclaré Maitre Ogier, qui alerte sur les risques dans « l’interprétation de cette circulaire ». En effet, la circulaire pourrait être un précédent en tant qu’un ministère « préjuge » de la valeur religieuse d’un vêtement. Pour les avocates, il s’agit d’une dérive du rôle du gouvernement, caractérisée par le fait que même si, selon les représentants du culte musulman, l’abaya n’a aucun caractère religieux, le gouvernement a pu imposer son récit selon lequel elle serait un signe ostentatoire d’appartenance à l’islam.

Cette interdiction reviendrait à ouvrir des possibles sanctions disciplinaires contre des élèves pour le port d’une certaine tenue. Les avocates ont appuyé sur les premières remontées depuis la rentrée, qui montrent de nombreux exemples d’étudiantes empêchées d’entrer en cours pour des tenues, assimilés comme des abayas, comme des kimonos ou des jeans avec des longs gilets.

Par la suite, Maitre Gandin a insisté sur le caractère discriminant de cette mesure, en tant que la distinction d’une robe longue qui « couvre des chevilles jusqu’au cou », comme le défini la circulaire, comme un habit religieux, se fera d’abord selon « l’apparence, le faciès, l’origine ». L’avocate a fait remarquer les « abus » déjà visibles depuis le début de l’année, car les étudiantes inquiétées sont « toutes non blanches, noires ou arabes ». Selon Maître Gandin, la circulaire « réduit les élèves à leur apparence », et nie « les identités plurielles » des lycéennes, qui ne se résument pas à des volontés d’affirmation religieuse. En effet, interdire le port de l’abaya reviendrait à nier le droit à la pudeur « aux seules élèves perçues comme musulmanes », ce qui constitue une discrimination.

De leur côté, les représentants du gouvernement à l’audience ont expliqué que l’interdiction de l’abaya a été mise en place pour répondre à des « remontées de terrain » et que les faibles chiffres de cas dans les écoles ces derniers jours montrait que le problème avait été réglé. Une version remise en cause par le représentant lycéen de la Voix Lycéenne présent à l’audience, pour qui « l’abaya est loin d’être une priorité » et constitue bien plutôt « un nouveau contrôle des tenues féminines, qui pèse toujours sur les lycéennes qu’elles portent des vêtements longs ou courts ».

Si la décision du juge n’a pas encore été rendue, cette audience aura ainsi permis de monter le caractère discriminant et islamophobe de l’interdiction de l’abaya, qui est une mesure qui vise à contrôler toujours plus les lycéennes des quartiers populaires. La décision est attendue d’ici la fin de la semaine.


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