La BCE est formelle, les banques vénitiennes Banco Popolare di Vicenza et Veneto Banca sont en état de « faillite ou de faillite probable ». Ces deux banques de tailles moyenne, pour le pays dont le PIB contient 20% de créances douteuses, ne vont pas bénéficier de plan de redressement européen mais directement de l’aide d’État. En effet, l’État italien devrait mettre 4,785 milliards d’euros sur la table pour sauver les deux banques en perdition.

Paolo Gentiloni, Président du conseil du conseil des ministres d’Italie, justifie cette intervention de l’État dans la liquidation des banques de la manière suivante : « Ce sauvetage est en faveur des détenteurs de comptes courants, des épargnants (…), de ceux qui travaillent dans ces banques, en faveur de l’économie de ce territoire et en fin de compte de la bonne santé de notre système bancaire ». Cependant, derrière ces paroles pleines de bienveillance, une autre démarche est à l’œuvre.

En effet, cet investissement sur fond public et donc sur l’argent des petits épargnants, se fera au profit de la banque Intesa Sanpaolo qui récupérera les actifs sains des deux banques régionales, le tout en contrepartie d’une somme d’un euro symbolique. Une opération très bénéfique pour la première banque du pays qui récupère les activités saines de deux banques concurrentes tout en laissent les actifs douteux à la gestion de l’État avec les 3500 à 4000 licenciements et les 600 agences fermées qui sont à la clé.

Une fois de plus, on voit que les gouvernements préfèrent faire payer la crise aux peuples plutôt qu’aux capitalistes. En effet, d’après l’Allemagne, l’aide publique apportée par l’État italien pourrait, au final, s’élever à près de 17 milliards d’euros. Un véritable exil fiscal organisé au frais des peuples puisque la solution la plus logique de renflouer les banques par les détenteurs d’obligations, c’est-à-dire des détenteurs de dettes, a été exclu par Rome. Ainsi, aucun bail-in ou remboursement sur les créanciers n’est envisageable.

Dans le même ordre d’idée, l’État italien va injecter près de 6,6 milliards d’euros dans Monte Paschi la quatrième banque du pays. C’est donc la technique du renflouement des banques par l’État, pourtant déjà catastrophique en Grèce, qui a été privilégiée. C’est aussi l’option de faire payer leur crise aux peuples qui a ainsi été prise.