Vendredi 18 février, Nordine a été condamné à deux ans de prison ferme. Placé sous mandat de dépôt, il doit aussi verser des dommages et intérêts à hauteur de 15000€ aux policiers. Une décision scandaleuse, puisque c’est lui qui avait été grièvement blessé par balle par des agents de la BAC en août 2021.

La justice lui a en effet reproché d’avoir fui face à des policiers armés sans signes distinctifs (ni brassards, ni gyrophares) … qui lui tiraient dessus. Une décision que le tribunal de Bobigny a justifié en dressant un scénario abracadabrantesque selon lequel les policiers auraient eux-mêmes été les victimes du conducteur. A l’issue de la séance, Maître Yassine Bouzrou, l’avocat de Nordine, a dénoncé le procès, le décrivant comme une « pseudo-audience présidée par un magistrat civiliste qui ne maîtrisait pas la matière pénale et des assesseurs qui n’avaient manifestement pas lu l’intégralité du dossier ». Nordine a fait appel de cette décision couvrant une fois de plus agissements des forces de répression.

Le 16 août dernier, Nordine et son amie rentrent de Paris. Vers 1h30, des policiers en civil et sans brassards s’approchent de la voiture. Nordine, dans un témoignage pour le Bondy Blog précise qu’il pense faire face à une tentative de car-jacking. Une sensation qui le pousse à fuir dès que possible. Dans sa fuite, les policiers ouvrent le feu, Nordine dans leur ligne de mire. À plusieurs reprises, le conducteur est touché et est grièvement blessé. Sa femme, sur la banquette arrière le sera aussi. Ils seront ensuite emmenés à l’hôpital, leurs pronostics vitaux engagés.

À la suite de cet énième cas de violences policières, la préfecture de Police se défend à travers une vidéo publiée sur Twitter. La porte-parole affirme que Nordine aurait refusé d’obtempérer et aurait blessé, sans gravité particulière, deux policiers alors qu’il tentait de fuir. Les déclarations de la préfecture sont en total décalage avec les images de la vidéo amateur prise par un témoin. On y voit deux policiers tirer plusieurs coups de feu à bout portant de la voiture.

Nordine porte ensuite plainte pour « tentative d’homicide volontaire ». Les policiers répliquent en portant plainte, eux aussi, pour « tentative d’homicide  ». Une intimidation qui fonctionnera car Nordine passera en comparution immédiate. Il en sortira avec un contrôle judiciaire, une obligation de pointer chaque semaine et une interdiction de conduire un véhicule à moteur. Malgré les stigmates physiques et psychologiques que Nordine peut éprouver, c’est la police qui sort blanchie de cette affaire. Alors que Nordine déclare s’être « vu mourir » pendant l’interpellation, il est doublement condamné par une justice qui couvre toujours les crimes policiers.

Cette affaire de violences policières est un exemple frappant de l’impunité policière et du traitement spécifique de leurs victimes. Les faits sont systématiquement minimisés, masqués et même retournés contre les victimes de violences policières. Nous demandons la justice pour Nordine, sa femme et toutes les victimes de violences policières.

Un rassemblement aura lieu ce mardi 22 février devant le tribunal de Bobigny à partir de 14h, soyons nombreux !