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Palestine

L’autodétermination du peuple palestinien et la lutte pour le socialisme

Ces dernières semaines, des millions de personnes ont manifesté dans le monde entier pour exiger la fin du massacre et exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien. Quelques réflexions à propos de la lutte du peuple palestinien pour son auto-détermination et la lutte pour le socialisme.

Josefina L. Martínez

20 novembre 2023

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L'autodétermination du peuple palestinien et la lutte pour le socialisme

Plus de 40 jours après le début des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, le génocide en cours se poursuit sans relâche. Ces dernières semaines, des millions de personnes ont manifesté dans le monde entier pour exiger la fin du massacre et exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien. Ce mouvement est particulièrement massif dans les pays arabes et dans les pays impérialistes tels que les États-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays européens. Comme nous le développons dans cet article, nous participons à ce mouvement, en cherchant à en développer la massivité et l’auto-organisation, en défendant un programme pour lutter contre les gouvernements impérialistes, principaux soutiens de l’État sioniste d’Israël. Nous voulons contribuer à ce que le mouvement étudiant adopte une perspective militante et anti-impérialiste, et à ce que la classe ouvrière intervienne avec ses propres méthodes de lutte, par les grèves et les blocages, notamment contre les livraisons d’armes et les entreprises impérialistes.

En tant que socialistes internationalistes, nous considérons que la lutte pour la libération de la Palestine contre le colonialisme sioniste et l’impérialisme est une bataille fondamentale. En même temps, nous sommes convaincus qu’il ne sera pas possible de parvenir à une réelle autodétermination palestinienne sans lutter pour une perspective socialiste. Dans la lutte d’un peuple opprimé par le colonialisme et l’impérialisme sionistes, nous soutenons inconditionnellement la résistance du peuple opprimé. Nous le faisons cependant sur la base d’un programme d’indépendance politique vis-à-vis de tous les secteurs bourgeois de la région, car nous considérons que c’est la seule façon de lutter jusqu’au bout pour l’autodétermination. Contrairement aux courants populistes, qui confondent la juste défense d’un peuple opprimé avec son leadership circonstanciel, nous polémiquons avec les différentes stratégies politiques qui ont eu historiquement du poids au sein de la résistance palestinienne. Dans cet article, nous reprenons certaines d’entre elles, en cherchant à répondre à la question suivante : comment la lutte pour une Palestine libre peut-elle être victorieuse après 75 ans d’occupation sioniste ? Pourquoi luttons-nous pour une Palestine ouvrière et socialiste ?

Nous aborderons pour cela quatre stratégies centrales, la voie négociée vers deux États, la lutte armée autour d’une stratégie islamiste-nationaliste bourgeoise, l’illusion d’une révolution démocratique et la lutte pour une Palestine ouvrière et socialiste.

L’échec de la solution des deux États

Considérons tout d’abord la stratégie que nous pourrions qualifier de voie négociée vers deux États. C’est ce que soutiennent des institutions comme l’ONU, mais également les États impérialistes, même si cela tient davantage de la rhétorique. Une orientation associée aujourd’hui à l’Autorité nationale palestinienne, que revendique par ailleurs les courants réformistes et sociaux-démocrates dans une grande partie du monde.

Les accords d’Oslo, signés en 1993 entre Yasser Arafat, chef de l’OLP, et Yitzhak Rabin, premier ministre israélien, sous les auspices du président américain Bill Clinton, ont récemment fêté leur 30e anniversaire. La grande promesse d’Oslo était solution à « deux États » : un État palestinien (sur une partie minoritaire de ses territoires historiques) vivant pacifiquement aux côtés de l’État d’Israël. Était-ce possible ?

L’intellectuel palestinien Edward Saïd a qualifié les accords d’Oslo d’« instrument de la capitulation palestinienne, [d]e Versailles palestinien ». L’OLP a reconnu l’existence d’Israël pour la première fois, renonçant à son slogan historique d’une « Palestine laïque démocratique et non raciste » sur l’ensemble du territoire historique de la Palestine. Alors qu’Israël reconnaissait l’OLP comme le représentant légitime du peuple palestinien, la création de l’Autorité nationale palestinienne signifiait la légitimation de l’occupation en échange d’une pseudo-administration de bandes de territoire géographiquement séparées, à Gaza et en Cisjordanie, sans accès libre aux ressources de base telles que l’eau, l’électricité ou l’aide « humanitaire » internationale, sous le contrôle d’Israël.

En d’autres termes, une fiction d’État, tandis que, dans le même temps, les colons continuaient d’avancer sur les territoires légalement attribués à la Palestine. « Oslo a été un grand succès si l’on croit à la colonisation, au nettoyage ethnique et à l’accaparement des terres. » résume l’historien Rashid Kalidi. L’échec d’Oslo a donné lieu à la deuxième intifada en 2000, au cours de laquelle une nouvelle génération combative est entrée en scène, après avoir connu la grande frustration de la politique des « deux États ». Finalement, en 2006, le Hamas, qui s’opposait aux accords d’Oslo, a remporté les élections à Gaza.

Pourquoi la voie négociée de deux États n’a-t-elle jamais été possible ? Tout d’abord, cela s’explique par le caractère de l’État israélien. Ilan Pappé et d’autres historiens ont souligné la spécificité de sa constitution en tant qu’État colonial. Les anciens États coloniaux européens avaient leur centre de gravité dans les métropoles, tandis que les armées coloniales soumettaient de vastes populations et nations à l’étranger. Dans le cas d’Israël, il s’agit d’un colonialisme de peuplement, dont l’existence dépend de la poursuite de l’occupation. Dans d’autres colonialismes de peuplement modernes, comme l’Afrique du Sud de l’apartheid, la population noire autochtone a été brutalement soumise pour être utilisée comme une main-d’œuvre semi-esclavagisée (et a constitué les principaux bataillons de la classe ouvrière sud-africaine). En revanche, en Israël, les sionistes ont procédé à un nettoyage ethnique massif, expulsant la majeure partie de la population autochtone de leur propre territoire, dans le but de constituer un État « pur » sur le plan ethnique et religieux. Ainsi, plus de quatre millions de Palestiniens vivent aujourd’hui en dehors de la Palestine, soit environ un million de moins que la population palestinienne vivant à Gaza et en Cisjordanie.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’impérialisme a trouvé une solution réactionnaire à la question juive après la barbarie de l’Holocauste en créant Israël, avec le soutien inestimable de l’URSS stalinienne. Depuis lors, l’État sioniste est devenu la principale enclave impérialiste dans la région. En tant qu’État créé artificiellement au cœur d’un territoire où vit une vaste population arabe favorable à la cause palestinienne, l’État sioniste a été construit comme une forteresse militarisée, financée par les États-Unis et les États de l’OTAN.

Ilan Pappé a également souligné que le colonialisme de peuplement implique la déshumanisation des peuples colonisés. Pour l’État israélien, chaque Palestinien doit être perçu comme un « sauvage » ou un « terroriste potentiel », chaque territoire palestinien comme un théâtre de guerre. La logique expansionniste et belliciste de l’État israélien fait partie de son ADN et est donc incompatible avec l’autodétermination du peuple palestinien, comme l’ont montré les 75 dernières années.

La stratégie du Hamas et le rôle des bourgeoisies arabes

Deuxièmement, revenons sur la stratégie du Hamas et des autres groupes de la région, qui déploient des méthodes de lutte armée au service d’une stratégie islamiste-nationaliste bourgeoise.

La trahison historique du Fatah et de l’OLP lors de la signature des accords d’Oslo a permis au Hamas de triompher lors des élections législatives de 2006. Son contrôle de la bande de Gaza s’est heurté au blocus total d’Israël sur une population de plus de 2 millions de personnes, transformant la région en plus grande prison à ciel ouvert du monde. Le Hamas est une organisation islamiste populiste qui a connu différents moments politiques depuis sa création en 1987. Dans sa charte fondatrice, il inclut l’objectif d’un État islamique, un objectif ultime qu’il n’a pas abandonné, bien que pour les élections de 2006 il se soit présenté avec un programme plus pragmatique qui pourrait être évalué comme « socialement réformiste et nationaliste bourgeois en ce qui concerne la question palestinienne » [1].

Cette stratégie islamiste-nationaliste bourgeoise a été développée à travers diverses tactiques de lutte armée au fil des ans, allant des attentats suicides dans les années 1990 et 2000, à la confrontation de ses milices avec l’armée israélienne, en passant par les tirs de roquettes et la récente incursion (avec d’autres groupes de résistance palestiniens) en territoire israélien le 7 octobre dernier. Une action de résistance contre l’occupation coloniale qui était en partie dirigée contre des cibles militaires ou directement liée aux forces d’occupation, mais qui visait également des civils, comme les attaques sur le festival de Reïm ou contre la population civile non combattante dans les Kibboutz, qui s’inscrit dans une stratégie que nous ne partageons pas.

Nous avons soutenu dans d’autres articles que la défense inconditionnelle de la résistance du peuple palestinien contre Israël, au-delà des orientations qu’elle défend à tel ou tel moment, n’est pas contradictoire avec la remise en cause des méthodes, du programme et de la stratégie du Hamas. Celle-ci se concentre en effet sur la recherche de l’unité et du soutien de secteurs des bourgeoisies arabes plutôt que du développement de la lutte des classes dans le monde arabe. Cela se traduit par ses affinités avec les milices du Hezbollah, donc avec la théocratie iranienne, et avec la monarchie réactionnaire du Qatar.

En outre, en plus d’être le courant hégémonique de la résistance palestinienne, le Hamas agit en tant qu’administration politique de la bande de Gaza. À l’intérieur de ce territoire, harcelé et soumis au blocus d’Israël, le Hamas a développé depuis des années un vaste réseau d’aide sociale, d’écoles et d’hôpitaux qui lui ont donné une base sociale importante au sein de la population gazaouie. Au cours des 15 dernières années, il a imposé une islamisation croissante de Gaza (bien que des chrétiens et des secteurs laïques y vivent également) et un régime répressif contre toute dissidence politique et sociale, réprimant les manifestations ou les expressions de protestation contre la pauvreté. Cela a même donné lieu, ces derniers temps, à l’émergence de secteurs de la jeunesse critiques à l’égard du Hamas, selon plusieurs analystes.

Par ses méthodes, son programme et sa stratégie, le Hamas ne cherche pas à développer l’auto-organisation du peuple palestinien, ni l’unité entre les Palestiniens et les masses ouvrières et paysannes arabes, ni avec les secteurs juifs antisionistes, mais à lier son destin à des accords avec les bourgeoisies réactionnaires et les monarchies théocratiques de la région.

Révolution démocratique ou lutte pour une Palestine laïque, libre, ouvrière et socialiste ?

Enfin, revenons sur ce que nous pouvons qualifier de voie étapiste, ou de « révolution démocratique », par opposition à la lutte pour une Palestine libre, laïque, ouvrière et socialiste.

Après l’échec désastreux de la stratégie des deux États, l’idée se répand parmi un certain nombre d’intellectuels palestiniens, arabes et israéliens antisionistes que nous devrions lutter pour un État unique, non sioniste, où Arabes et Juifs coexisteraient pacifiquement, une Palestine laïque et démocratique. La proposition consisterait à exercer une pression internationale en faveur d’une « dé-sionisation » de l’État d’Israël. Même des secteurs qui se réclament du socialisme affirment qu’il pourrait s’agir d’une « première étape » dans la démocratisation de la Palestine, afin de lutter, dans un second temps, pour le socialisme. Cependant, comme nous l’avons expliqué plus haut, le caractère raciste et colonialiste de l’État d’Israël, qui agit comme la principale enclave de l’impérialisme dans la région, fait de cette idée une aspiration totalement illusoire dans le cadre du capitalisme actuel.

Lutter contre le sionisme et le colonialisme israélien signifie non seulement affronter l’une des armées les plus puissantes du monde, mais aussi lutter contre l’impérialisme dans la région. Lutter pour une Palestine libre signifie non seulement garantir le droit au retour de plus de 4 millions de Palestiniens de la diaspora, mais aussi imposer la restitution de leurs terres (où se trouvent aujourd’hui des colonies et des villes israéliennes, de grands conglomérats immobiliers et touristiques) et la restitution ou la reconstruction de leurs maisons (qui ont été confisquées ou détruites). Une Palestine libre et démocratique signifie également la fin du régime d’apartheid pour les travailleurs palestiniens et arabes-israéliens, qui sont utilisés comme une main-d’œuvre de « seconde zone », en garantissant des droits civils et sociaux égaux pour tous, indépendamment de l’origine nationale, de l’appartenance ethnique ou de la religion. Cela implique la remise en cause d’une source majeure de profit pour les grands groupes économiques et financiers israéliens.

En d’autres termes, pour mettre fin à l’État sioniste et à l’oppression du peuple palestinien, il est nécessaire de liquider ses fondements matériels. Or, ni la bourgeoisie colonialiste israélienne, ni l’impérialisme ne permettront des avancées pacifiques sur cette voie. Quelles sont donc les forces sociales qui peuvent lutter pour cette perspective ? Dans un article qui fait partie du livre Palestine : A socialist Introduction, Daphna Thier [2] polémique avec l’idée d’une Palestine socialiste, soulignant l’impossibilité de lutter pour une telle perspective étant donné le caractère sioniste de la classe ouvrière israélienne. Cet argument est présent chez différents auteurs, qui soulignent que la constitution de la classe ouvrière juive en Israël étant basée sur le caractère colonial de l’Etat, elle ne sera jamais l’alliée du peuple palestinien.
En effet, la classe ouvrière israélienne a massivement adhéré au projet sioniste dès la fondation de l’État d’Israël. Cela a changé la dynamique qui s’était ouverte dans les années 1930, lorsque, par exemple, les trotskystes ont développé quelques expériences d’organisation conjointe de travailleurs juifs et arabes. La centrale ouvrière Histadrut, fondée en 1920 pour défendre les intérêts des travailleurs juifs, est devenue au cours des décennies suivantes un bastion de la défense des intérêts coloniaux et sionistes, refusant d’organiser les travailleurs arabes-israéliens et soutenant l’idéologie raciste de l’État occupant. Même récemment, les manifestations et les grèves des travailleurs qui ont eu lieu en Israël contre Netanyahou et sa réforme du système judiciaire l’année dernière ont eu pour énorme limite politique de ne pas remettre en question le sionisme et de rejeter toute remise en question de l’occupation israélienne de la Palestine. Cela a été souligné de manière critique par des intellectuels juifs antisionistes [3]

Cependant, cela ne signifie pas que certaines sections de la classe ouvrière ne peuvent pas rompre avec le sionisme, dans des conditions de radicalisation de la lutte des classes dans la région. Il s’agit d’un combat politique à mener, car le sionisme agit actuellement comme un pôle réactionnaire face à la lutte pour la libération de la Palestine. Le fait que des secteurs pacifistes antisionistes commencent à émerger au sein de la population et de l’intelligentsia israélienne et juive dans le monde est un indicateur que cette situation pourrait changer.

Pour Daphna Tier cependant, le sionisme de la classe ouvrière israélienne semble être un élément inamovible et, selon elle, cela signifie qu’il n’est possible de trouver des alliés pour le peuple palestinien que parmi les secteurs « démocratiques » des pays arabes. C’est-à-dire des secteurs bourgeois, petits-bourgeois, ouvriers et populaires, qui seraient prêts à faire avancer les réformes démocratiques. Cependant, cette approche ne tient pas compte des profondes contradictions de classe dans les sociétés arabes, avec des bourgeoisies qui se sont enrichies grâce à des accords fabuleux avec l’impérialisme et d’autres puissances régionales, imposant des régimes réactionnaires et des monarchies théocratiques. Comme l’ont montré les printemps arabes, les bourgeoisies arabes alliées à l’impérialisme ont choisi à maintes reprises d’écraser dans le sang les protestations ouvrières et populaires, bloquant toute forme de « démocratisation » réelle de ces sociétés, avant que l’auto-organisation et la mobilisation ouvrières et populaires ne puissent se développer.

La lutte contre l’impérialisme

L’État d’Israël est le partenaire stratégique le plus important des États-Unis au Moyen-Orient. Trump et Biden sont dans une certaine mesure en concurrence pour garantir au lobby sioniste américain qu’ils défendront ses intérêts « inconditionnellement ». La crise d’hégémonie des États-Unis, qui ont connu une sortie embarrassante d’Afghanistan il y a seulement deux ans, rend d’autant plus vital le maintien de leur allié stratégique dans une région qui a connu des révoltes, des guerres civiles, des guerres réactionnaires et de multiples éléments d’instabilités au cours de la dernière décennie. Ce d’autant plus face à l’Iran et aux défis lancés à son hégémonie par la Russie et la Chine.

Dans le même temps, l’impérialisme et ses multinationales sont essentiels pour garantir les affaires des bourgeoisies arabes, qui s’enrichissent avec les ressources naturelles de la région (pétrole, gazoducs, mines, pêche et agro-industrie), grâce au pillage de la paysannerie et à l’exploitation brutale d’une classe ouvrière autochtone et migrante venue d’Asie et d’Afrique. Les intérêts des bourgeoisies arabes sont liés à ceux des puissances impérialistes (États-Unis et Europe) depuis l’aube du développement capitaliste dans la région. Elles constituent donc une force sociale incapable d’affronter réellement l’impérialisme et le sionisme, avec lesquels elles ont coexisté, au-delà de quelques affrontements occasionnels, tout au long de ces 75 années. En fait, ils se sont orientés vers la « normalisation » des relations avec Israël, en suivant le cours des accords d’Abraham promus par Trump, même à l’encontre des sentiments de la majorité des populations arabes.

En Palestine, la lutte contre le sionisme ne peut donc pas être séparée de la lutte contre l’impérialisme. Plus généralement, comme l’a démontré le Printemps arabe, il n’est pas possible dans la région de faire avancer des transformations démocratiques durables (contre les dictatures, les monarchies réactionnaires et les régimes bonapartistes) sans combiner cette lutte avec la lutte pour répondre à des revendications démocratiques « structurelles » (comme la distribution de la terre et l’accès au logement), des revendications sociales et des revendications nationales.

Pour en revenir à la question de savoir quelles forces sociales peuvent lutter aux côtés du peuple palestinien pour son autodétermination pleine et effective, nous ne devons pas nous tourner vers les bourgeoisies arabes, mais vers les millions de travailleurs et de travailleuses, de paysans et de secteurs populaires du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui, ces dernières années, ont vu leurs conditions de vie se dégrader encore davantage en raison des plans d’ajustement impérialistes et du FMI mis en œuvre par des régimes de plus en plus autoritaires.

Dans le monde arabe, une grande partie de la population se sent concernée par la cause palestinienne, c’est pourquoi des millions de personnes se sont mobilisées ces derniers jours. La Palestine reste la « plaie ouverte » de la conscience nationaliste arabe et concentre la colère contre les griefs coloniaux et impérialistes dans la région. C’est pourquoi, comme on le dit souvent, la voie de l’autodétermination palestinienne passe par Beyrouth et Le Caire. Mais ce n’est pas lié à un illusoire soutien des bourgeoisies réactionnaires, qui n’a jamais existé, mais grâce à la force potentielle de la classe ouvrière et des paysans de la région.

Des millions de travailleurs issus de peuples opprimés par l’impérialisme font partie de la classe ouvrière et même de la classe moyenne des pays impérialistes. La grande empathie pour la lutte palestinienne est également alimentée par le rejet des campagnes islamophobes et racistes dans ces pays, qui se sont multipliées au cours de la période récente. Cette composition multinationale, multiethnique et diverse de la classe ouvrière et des secteurs populaires dans les pays impérialistes alimente l’énorme mouvement de solidarité avec la Palestine au niveau international, avec des manifestations massives aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Espagne et dans d’autres pays au cours des dernières semaines. Les actions encore modestes et symboliques de certains syndicats, comme les dockers de Barcelone ou les syndicats belges, qui appellent à bloquer les livraisons d’armes, les manifestations de solidarité des travailleurs de la santé dans de nombreux pays, ainsi que les actions de milliers d’étudiants et d’organisations juives antisionistes, montrent la voie à suivre pour développer et amplifier la mobilisation.

L’avancement d’une véritable autodétermination palestinienne nécessitera la confluence d’un mouvement anti-impérialiste international fort et de la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière dans les pays arabes, avec le peuple palestinien et les travailleurs juifs qui rompent avec le sionisme. Le développement de cette lutte doit permettre d’avancer, comme nous l’avons souligné, dans la construction d’une Palestine ouvrière et socialiste, où Arabes et Juifs peuvent vivre ensemble démocratiquement et pacifiquement, dans le cadre d’une fédération de républiques socialistes du Moyen-Orient.


[1Claudia Cinatti, Islam politique, anti-impérialisme et marxisme, voir : https://www.revolutionpermanente.fr/Islam-politique-anti-imperialisme-et-marxisme

[2Daphna Thier ; Not an Ally. La classe ouvrière israélienne. In : Palestine : A socialist Introduction ; Haymarket books, 2020, Chicago.

[3Ilan Pappé, « L’origine de la violence à Gaza réside dans l’idéologie raciste de l’élimination des autochtones », in : https://ctxt.es/es/20231101/Firmas/44652/ilan-pappe-israel-conferencia-charla-gaza-colonial-exterminio-apartheid-racismo-palestina-cisjordania.htm



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Josefina L. Martínez

Historienne, correspondante IzquierdaDiario.es

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