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Grève

« L’objectif c’est que le conflit prenne une dimension nationale » : les grévistes de Clestra appellent à la solidarité

Début septembre, les installations de l’usine Clestra, proche de Strasbourg, sont toujours à l’arrêt alors que la direction entend imposer un plan de licenciement déguisé aux employés. Après plus de deux mois de grève, les travailleurs en appellent à la « solidarité nationale ».

Maïa Maros

4 septembre

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 « L'objectif c'est que le conflit prenne une dimension nationale » : les grévistes de Clestra appellent à la solidarité

Crédit photo : Capture d’écran BFM Alsace

À Illkirch-Graffenstaden, commune du sud de Strasbourg, depuis le 3 juillet, les salariés de Clestra sont en grève. En effet, depuis la reprise de l’entreprise par le groupe Jestia fin 2022, Clestra ce sont des lignes de production de cloisons pour bureaux, mais surtout des conditions de travail largement dégradées, des salariés poussés vers la porte et injustement licenciés et un avenir incertain, le tout couronné du mépris constant de la nouvelle direction et de ses méthodes de harcèlement.

Alors que le groupe a bénéficié de 5 millions d’euros d’aides publiques, c’est le projet de délocalisation de l’usine et de la production au détriment de nombreux emplois qui a mis le feu aux poudres. Amar Ladraa responsable CGT métallurgie Grand Est s’insurge de cette situation : « Jestia s’était engagé en octobre à transférer l’ensemble des salariés dans le nouveau site et aujourd’hui la direction refuse de nous garantir qu’il n’y aura pas de suppressions d’emplois ».

Pour le syndicaliste, la direction tente en réalité de mettre sur pied un plan de licenciement qui ne dit pas son nom. « Blocage des salaires, menaces, surveillance accrue… : on a presque une cinquantaine de salariés qui ont démissionné, la direction nous pousse à bout » explique-t-il. Début juillet, le groupe repreneur finit par confirmer les soupçons. « La direction nous a proposé un accord collectif de rupture conventionnelle, cela ne fait aucun doute qu’elle compte se séparer de la moitié de la production » soutient Amar Ladraa.

Quelques jours plus tard, le 3 juillet, un travailleur est renvoyé à son domicile sans lettre de licenciement : « un collègue s’est vu licencié par mail, pour avoir utilisé son portable » raconte Amar. La réponse ne se fait pas attendre, le jour même les travailleurs arrêtent la production, le mot d’ordre est clair : « Non seulement on veut la réintégration de notre collègue, mais en plus on veut une réponse claire concernant l’avenir de nos emplois » affirme le syndicaliste. Deux mois plus tard, la grève n’a pas faibli et le taux de grévistes est toujours proche de 95%.

« La direction est jusqu’auboutiste et choisit de mettre en danger la pérennité de l’entreprise pour éviter de répondre aux revendications légitimes des salariés » s’émeut le responsable syndical. Il ajoute que pour ces travailleurs précaires « la lutte, au bout de trois mois devient difficile : certains salariés risquent de se faire expulser de leur logement, d’autres ne savent pas comment ils vont acheter les fournitures scolaires aux enfants ». Le moral reste cependant au rendez-vous : « La direction cherche le pourrissement du mouvement, mais les salariés sont déterminés on ira au bout pour nos emplois et surtout pour la dignité. On est des salariés issus des quartiers populaires, on vit dans des situations difficiles, mais on a réussi à construire une grande solidarité » se félicite Amar.

Une solidarité qu’il faudra élargir pour le syndicaliste. « Ce combat, il concerne tous les salariés parce qu’on a tous à faire à ces requins qui ne pensent qu’au fric, c’est pour ça qu’on en appelle à la solidarité ». Il conclue : « On veut donner un maximum de visibilité à cette lutte, pour le moment il y a une solidarité locale, l’objectif pour nous, c’est que le conflit prenne une dimension nationale ».

Pour les soutenir, une caisse de grève a été mise en place, participez sur demande par mail à : [email protected] ou en ligne ici


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