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Crise en Europe

La Grèce et les oxymores de l’Union européenne

Josefina Martinez{} {} Le peuple de Grèce a massivement répondu "Non" (OXI) à l'austérité. Mais certains continuent de négocier un accord contraire à cette volonté entre quatre murs à Bruxelles. Du "OXI" grec à l'oxymore de l'Union européenne "démocratique".

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Ces derniers jours, nous avons appris quelques mots en grec. OXI : Non. Nai : Oui. Il y a un autre mot qui nous vient en tête par association : oxymore. Selon sa définition, ce terme signifie la combinaison de deux mots ou expressions de sens opposé qui donne lieu à un nouveau sens.

Les événements que l’on est en train de vivre depuis dimanche rendent visibles plusieurs oxymores dans le discours de l’Union européenne. Un "accord favorable à tout le monde". Pourquoi s’agit-il d’un oxymore ? Parce que le mot "accord" devrait être remplacé par "imposition", car c’est de cela qu’il s’agit quand on regarde ce qu’a fait la Troïka avec les "plans de sauvetage" ces dernières années.

Avec l’économie grecque au bord de la faillite ; une dette étouffante soutenue par tous les précédents gouvernements capitalistes grecs et qui a grossi de manière extraordinaire afin de sauver les banques allemandes et françaises ; ainsi qu’avec un plan d’austérité qui a fait payer la crise aux travailleurs de Grèce, il semble absurde de parler d’un "accord".

Dans les jours qui viennent, la Troïka va chercher à imposer un nouveau plan de "sauvetage" qui ne bénéficie qu’aux créanciers, c’est-à-dire aux organismes financiers qui ont sauvé les banques, qui ont privatisé les bénéfices et socialisé les pertes. On cherche à imposer un "accord" qui signifie encore plus d’endettement et d’austérité, plus de misère pour les travailleurs qui sont déjà largement affectés par la crise depuis 7 ans. C’est ainsi que parler d’un "accord favorable à tout le monde" est un oxymore.

Deuxième oxymore : une "Union européenne démocratique". Après que des millions de travailleurs, de jeunes et de femmes se soient clairement prononcés pour le "Non" dimanche dernier, une poignée de dirigeants et de directeurs de la BCE et du FMI vont négocier un nouveau plan d’endettement et d’austérité à huit clos avec le gouvernement grec.

L’ "Union européenne démocratique" est un oxymore qui est devenu très clair et évident pendant les dernières semaines. L’UE est apparue assez clairement pour des millions de personnes, en Grèce et dans beaucoup de pays d’Europe, comme une coalition d’États impérialistes, sous l’égide de l’Allemagne, pour défendre les intérêts des banques et des monopoles. La prépotence de la Troïka contre le peuple de Grèce a mis à nu l’hypocrisie d’une "Europe solidaire et démocratique".

Malheureusement, les oxymores de l’Union européenne ne viennent pas uniquement de la part des chefs d’État impérialistes, mais aussi de la part des représentants des nouvelles formations "néo-réformistes" comme Syriza ou Podemos. Car en effet, ces dernières sèment des illusions chez les travailleurs et les secteurs populaires sur le fait qu’il serait possible de démocratiser une institution impérialiste et réactionnaire comme l’Union européenne du capital.

Mardi dernier, Alexis Tsipras s’est réuni avec les représentants des partis de l’opposition grecque, Nouvelle Démocratie, Pasok, To Potami et les Grecs Indépendants (qui font partie du gouvernement) afin de signer un "accord national" et un mandat pour les négociations à Bruxelles. C’est-à-dire que ceux qui ont subi une défaite dimanche dernier, ceux qui ont annoncé une catastrophe si le "Non" l’emportait, ont fini par se mettre d’accord avec le gouvernement concernant les lignes générales pour faire une nouvelle proposition de la Grèce à l’Eurogroupe. Il s’agit d’un des paradoxes du résultat du référendum et de la politique conciliatrice avec la Troïka de Syriza.

Mais l’oxymore le plus frappant de Syriza et Podemos reste la stratégie d’un "capitalisme juste" et d’une "Europe démocratique" sans rompre avec le système capitaliste, qui n’est qu’une figure rhétorique niée à chaque instant par la réalité.


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