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Guerre en Palestine

La Haye : Israël déterminé à poursuivre son génocide, Netanyahou montre des signes de fébrilité

Devant la Cour internationale de justice de la Haye, les défenseurs de l’État sioniste plaidaient ce vendredi pour défendre le génocide en cours. Une plaidoirie qui montre la détermination d’Israël à aller jusqu’au bout, mais a qui a également laissé transparaître des premiers signes de fébrilité.

Hélène Angelou

12 janvier

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La Haye : Israël déterminé à poursuivre son génocide, Netanyahou montre des signes de fébrilité

Crédits photo : Ouverture des audiences sur le cas d’Israël à la Haye / Capture d’écran Euronews

Ce jeudi s’ouvrait à la Haye la procédure judiciaire intentée par l’Afrique du Sud à l’encontre d’Israël pour manquements à la convention contre le génocide, devant la Cour internationale de Justice. Après avoir déposé une requête le 29 décembre, l’Afrique du Sud plaidait jeudi. Une plaidoirie édifiante qui, si elle a mis en lumière le « dessein » et le « comportement génocidaire » d’Israël à Gaza, a aussi montré des éléments de fragilisation d’Israël sur la scène internationale.

Israël défend son droit à poursuivre les massacres

Alors qu’Israël a pour habitude de boycotter ce haut tribunal judiciaire de l’ONU, Tel-Aviv a cette fois-ci « décidé de dépêcher ses meilleurs juristes aux Pays-Bas pour orchestrer sa défense », observe Le Devoir

La rhétorique, déjà bien huilée, de l’État d’Israël pour défendre les massacres perpétrés à Gaza a été exploitée à plein par les défenseurs d’Israël, avec Tal Becker, le conseiller juridique du ministre des Affaires étrangères d’Israël en tête. C’est ainsi au nom du « droit d’Israël à se défendre » suite à l’offensive du Hamas le 7 octobre dernier qu’Israël cherche à légitimer ces massacres. « Ce qu’Israël cherche en opérant à Gaza n’est pas de détruire un peuple mais de protéger un peuple, le sien, attaqué sur de multiples fronts » a ainsi prétendu l’avocat. Israël et son allié étasunien n’ont pas non plus hésité à instrumentaliser le génocide des Juifs perpétrés par l’Allemagne nazie pour contrer l’accusation. Tandis que Netanyahou affirmait sur les réseaux sociaux que le Hamas a « commis le pire crime contre le peuple juif depuis l’holocauste », il a dénoncé l’Afrique du Sud comme « quelqu’un qui vient le défendre au nom de l’holocauste. Quel culot ! ». De son côté, le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, affirmait que « ce sont ceux qui attaquent violemment Israël qui continuent d’appeler ouvertement à l’anéantissement d’Israël et au massacre des Juifs ». Tal Becker a quant à lui dénonçé « la plus grande démonstration d’hypocrisie de l’Histoire ». Dans le même sens, le fond de la plaidoirie visait à criminaliser tout soutien à la Palestine ; Israël a ainsi accusé l’Afrique du Sud d’être le « bras juridique du Hamas ».

Enfin, Omri Sander, quatrième intervenant en défense d’Israël, n’a pas hésité a détailler une prétendue « aide humanitaire » fournie par Israël à Gaza, un comble lorsque l’on sait que l’ONU elle-même dénonce les entraves incessantes d’Israël à l’aide humanitaire internationale minimale sur le territoire gazaoui, menaçant la population de famine et mettant le système de santé à l’agonie.

Si les éléments avancés ne sont pas nouveaux, cette plaidoirie illustre une fois de plus l’impunité totale dont jouit Israël pour poursuivre le massacre des Gazaouis, soutenu dans ce procès par les puissances impérialistes, avec au premier chef les États-Unis et l’Allemagne face à l’Afrique du Sud.

Benyamin Netanyahou sous pression, c’est par la mobilisation qu’il sera possible de le faire plier

Pour autant, cette procédure judiciaire n’est pas sans conséquence pour l’image d’Israël qui voit la pression s’accentuer à mesure que le génocide s’affiche toujours plus ouvertement. Comme le soulignent Les Echos : « C’est la première fois que Benyamin Netanyahou accepte, bon gré mal gré, de prendre quelques distances par rapport à ces deux ministres, dont le soutien au Parlement lui est indispensable pour rester au pouvoir. ». Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a ainsi dû se distancier, sous pression des États-Unis, des partisans d’une « émigration de masse » des Palestiniens après la guerre à Gaza. Israël « n’a pas l’intention d’occuper de façon permanente la bande de Gaza ou de déplacer la population civile. Israël combat les terroristes du Hamas, pas la population palestinienne et nous le faisons en parfaite conformité avec le droit international », s’est ainsi exprimé Netanyahou sur les réseaux sociaux.

Ces annonces de façade ne changent cependant en rien l’aggravation de l’offensive de l’armée israélienne à Gaza et le génocide en cours, tandis que la fuite en avant du gouvernement israélien laisse bien présager une (ré)occupation de Gaza, comme nous le soulignions dans un article du 16 décembre. Néanmoins, ce n’est pas sans contradiction, comme le soulignent bien les pirouettes rhétoriques de Benyamin Netanyahou. Bien obligé de justifier sa politique à l’occasion de cette procédure judiciaire, le premier ministre israélien a montré des premiers signes de fragilité comme le changement de rhétorique vis-à-vis des solutions les plus extrêmes proposées par ses alliés d’extrême-droite. Une fragilité qui illustre en définitive et de manière déformée la pression exercée par les alliés d’Israël comme les États-Unis et le Royaume-Uni où les gouvernements respectifs font face à d’importantes mobilisations en soutien à la Palestine.

Le terrain déterminant pour imposer nos revendications, c’est donc bien le terrain de la mobilisation. En effet, alors que 75 ans de lutte pour la libération de la Palestine ont démontré l’impuissance, et pire la complicité instances des internationales telle que l’ONU ou encore la CIJ, c’est la mobilisation des travailleurs et des peuples du monde entier qui pourra faire plier les puissances impérialistes. La construction de mobilisations d’ampleur en soutien à la Palestine revêt un enjeu crucial. À l’heure où Israël redouble de violence à Gaza et en Cisjordanie et défend son massacre, la lutte pour la libération de la Palestine nécessite plus que jamais une solidarité internationale dans la rue, qui cherche à construire un rapport de forces contre les États impérialistes comme au sein des États arabes complices d’Israël.


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