Jeudi soir, la préfecture du Val-d’Oise a décidé d’interdire la 8ème marche pour Adama, tué par la police en 2016, au prétexte honteux de la venue de la mère de Nahel, qui « pourrait conduire, à elle seule, à fédérer autour de l’évènement des éléments perturbateurs » et de la présence « d’associations contestataires, pour certaines proches de l’ultra gauche, dont les Soulèvements de la Terre ». Une volonté claire du gouvernement de faire taire la lutte contre les violences policières, alors que des révoltes contre l’impunité policière et le racisme d’État ont ébranlé le pouvoir ces derniers jours.

Face au scandale, le comité pour Adama a déposé avec l’appui des avocats Arié Alimi, Marion Ogier et Lionel Crusoë, un recours en référé liberté au tribunal administratif pour faire annuler l’arrêté d’interdiction, soutenu par plus de 50 organisations politiques, syndicales, associatives et des collectifs qui ont dénoncé une « tentative de museler l’expression politique des quartiers populaires » et appelé au maintien de la manifestation.

Ce vendredi soir, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a validé l’interdiction de manifestation. Pour justifier cette décision, la justice invoque la mobilisation des policiers à d’autres tâches de répression dans les quartiers populaires, reprenant ainsi le contenu de la lettre de pression envoyée par la préfecture du 95 au Comité Adama ce jeudi. Fort de cet arrêt, la préfecture du Val d’Oise a posté, sur son compte Twitter, une demande « aux organisateurs de bien vouloir respecter cette décision de justice et d’appeler publiquement à ne pas se rendre sur les lieux ».

Une énorme offensive, par laquelle la justice valide une nouvelle fois la politique autoritaire du gouvernement pour empêcher qu’une voix politique de l’antiracisme ne s’exprime, quelques jours après le meurtre policier de Nahel qui a été le point de départ d’une révolte des quartiers populaires. Ce alors que le comité Vérité et Justice pour Adama est devenu le symbole de la lutte contre les violences policières en France, en indépendance des institutions, comme l’expliquait Assa Traoré en juin 2020 : « On ne demande pas que les discussions se fassent dans un salon de thé de l’Élysée, on demande que les actes judiciaires soient faits ».

Après la répression de la marche blanche pour Nahel, l’envoi du RAID, du GIGN et de la BRI pour mater les révoltes et les peines de prison pour des centaines de jeunes, l’État fait de nouveau le choix de la répression pour faire taire toute forme de contestation et en premier lieu la colère contre le racisme d’État et les violences policières. Un signe de faiblesse pour empêcher que ne puisse se consolider une riposte d’ensemble.

Or, face à cette répression scandaleuse, Assa Traoré a appelé ce vendredi soir dans un live Instagram à se rendre samedi Place de la République à Paris à 15 heures pour contrer l’interdiction de la marche à Beaumont-sur-Oise. Une initiative autour de laquelle l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier et de la gauche doivent faire front, pour refuser l’offensive du gouvernement, et construire une riposte à la hauteur de ses attaques.

Tous à République ce samedi !