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Répression

Interdiction de la marche pour Adama : ils ne feront pas taire la lutte contre les violences policières !

Jeudi soir, la préfecture du Val d’Oise a annoncé l’interdiction de la marche pour Adama de ce samedi. Une interdiction scandaleuse, qui reflète la volonté du gouvernement de faire taire les familles de victimes de violences policières et tous ceux qui luttent pour la justice et la vérité.

Seb Nanzhel

7 juillet 2023

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 Interdiction de la marche pour Adama : ils ne feront pas taire la lutte contre les violences policières !

Crédits photo : O Phil des Contrastes

Jeudi soir, la préfecture du Val d’Oise a validé l’interdiction de la huitième marche pour la justice et la vérité pour Adama, appelée samedi 8 juillet à Beaumont-Sur-Oise. Après la mort de Nahel et l’explosion de colère dans les quartiers populaires, cette décision traduit la volonté de l’État d’empêcher toute expression politique de l’antiracisme, dans la lignée de sa surenchère répressive à l’encontre de la jeunesse qui relève la tête face aux crimes policiers.

Dans son communiqué publié jeudi, la préfecture se justifie : la venue de la mère de Nahel « pourrait conduire, à elle seule, à fédérer autour de l’évènement des éléments perturbateurs, ainsi que cela a pu être constaté lors de la marche blanche organisée à Nanterre le 29 juin ». Un argumentaire scandaleux, qui sous-entend que tout évènement auquel voudra assister la mère de Nahel sera passible d’interdiction par arrêté préfectoral, cette dernière se retrouvant de fait interdit de manifestation.

La rhétorique habituelle des « éléments perturbateurs » est ainsi mobilisée pour justifier à postériori la répression de la marche blanche pour Nahel, lors de laquelle la police a gazé la foule qui rendait hommage au jeune exécuté par la police.. Pour mieux justifier l’interdiction de la marche, le préfet s’est également alarmé de la présence potentielle à la marche pour Adama de « nombreuses associations contestataires, pour certaines proches de l’ultra gauche, dont les Soulèvements de la Terre ».

Après avoir gazé la marche blanche pour Nahel, envoyé 45.000 policiers réprimer la jeunesse des quartiers populaires qui se sont soulevés contre les crimes policiers et enclenché une féroce répression judiciaire à leur encontre ou encore menacé de censurer les réseaux sociaux, le gouvernement voudrait donc faire taire toute expression politique de l’antiracisme et de la lutte contre les violences policières. D’autant que cette interdiction s’inscrit dans l’acharnement étatique à l’encontre de la famille d’Adama, tué par les gendarmes en 2016 : couverture ses gendarmes, emprisonnement de Yacouba, Bagui, Serene et Samba Traoré, attaque en diffamation d’Assa Traoré... les forces de répression ne cessent de vouloir étouffer la famille Traoré à tout prix.

En réalité, l’argumentaire préfectoral parvient mal à masquer la peur du gouvernement, qui redoute que la colère qui s’est exprimée ces derniers jours dans la révolte des quartiers populaires puisse s’entourer d’alliés du reste du mouvement social. En effet, la marche pour Adama, qui regroupe habituellement de nombreux comités de familles de victimes des violences policières, devrait cette année être renforcée par un appel de 90 centrales syndicales, associations et de partis politiques, qui ont appelé à manifester à Beaumont sur Oise, avec des organisations qui n’ont pas l’habitude d’appeler à des marches contre les violences policières dans les quartiers populaires comme la CGT, la FSU ou encore EELV.

Avant que la préfecture mette ses menaces à exécution, le comité Adama a publié un communiqué dans la journée de jeudi, qui détaille que « le comité Adama indique qu’il maintient son appel à toutes et tous pour marcher comme nous le faisons chaque année depuis sept ans, depuis la mort d’Adama Traoré le 19 juillet 2016 », et réaffirme : « ce rassemblement est un rendez-vous commémoratif précieux et nécessaire pour nos familles, pour toutes celles et ceux qui défendent l’égalité et demandent la fin de l’impunité policière ».

Face à la décision d’interdiction, plusieurs avocats dont Arié Alimi ont déposé un recours en référé liberté au tribunal, soutenu par de nombreuses organisations politiques, syndicales et associatives comme Solidaires, la FSE, Attac, la Ligue des Droits de l’Homme, le SAF, Amnesty International France, SOS Racisme, la Fondation Copernic, Coude à Coude, Révolution Écologique pour le Vivant, mais aussi EELV, la France Insoumise, Ensemble !, le NPA, Révolution Permanente, et le POI.

Alors que le gouvernement veut censurer le combat des familles de victimes de violences policières, il faut faire front avec le Comité Adama et construire une riposte pour obtenir la justice et la vérité, la fin des violences policières et du racisme d’État. Il ne nous feront pas taire !


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