Julian Vadis

Traditionnellement, le FN et l’extrême gauche ne sont pas invités. Mais Pierre Gattaz semble avoir revu sa copie en ce qui concerne Marine Le Pen, candidate à la présidentielle de 2017. En effet, le président du MEDEF a fait une entorse à la tradition. Alors que le syndicat épluchait les programmes des principaux candidats, notamment sur les questions économiques et de l’emploi, ce lundi 16 janviers, l’annonce officielle a été faite. Marine Le Pen passera elle aussi son grand oral devant le patronat français.

Du côté du parti d’extrême droite, la nouvelle a été accueillie avec enthousiasme. « La position de Gattaz est pour une fois intelligente, elle est démocratique. Surtout que le FN est l’ami de toutes les entreprises, du petit commerçant, au géant français du CAC 40 [...] Je rappelle que nous sommes de vrais libéraux, partisans sans ambiguïtés de l’économie de marché et de la libre entreprise. J’espère que cette rencontre sera l’occasion de rassurer les chefs d’entreprise  » a ainsi déclaré Bernard Monot, l’un des deux créateurs du programme économique de Marine Le Pen. Certes, une telle prise de position cadre mal avec l’image "anti-système" cultivée par les frontistes. En effet, la contradiction est immense entre la posture d’un parti hors cadre et le fait de participer à un événement dont l’unique objectif est de voir son programme adoubé... par les puissants.

Cependant, pour représenter une alternative crédible au parti traditionnel, Marine Le Pen sait qu’elle doit apparaitre comme la meilleure option pour les classes dominantes. En ce sens, et au vue des positions économiques certes protectionnistes mais qui ne remettent aucunement en cause la mainmise d’une poignée sur l’ensemble de l’économie, la candidate frontiste a évidemment sauté sur l’aubaine. Une prise de position politique qui fait tomber le masque du FN, tout sauf anti-système, et qui, à grand coup de dédiabolisation semble apparaitre de plus en plus comme une possible alternative pour la bourgeoisie française.