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La Blitzkrieg du gouvernement

Le gouvernement Macron repart à l’offensive sur l’indemnisation des chômeurs

Syndicats et patronat avaient signé un nouvel accord en février dernier sur l’assurance chômage. Alors que celle-ci se renégocie tous les trois ans, Macron et son gouvernement n’en ont que faire et poussent à ce que de nouvelles négociations s’ouvrent et aboutissent d’ici le printemps 2019. De fait, Murielle Pénicaud a auto-amendé son texte. Le but ? Essayer de faire passer ce qui n’est pas passé en février et de rajouter une escroquerie en plus.

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Crédit photo : Cottereau Fabien

Sous couvert de lutter contre la précarité, le gouvernement précarise toujours plus

Pénicaud dans son amendement, explique que « le gouvernement demandera aux partenaires sociaux de négocier une nouvelle convention d’assurance chômage, afin de mieux lutter contre la précarité et d’inciter les demandeurs d’emploi au retour à l’emploi ». Le président des riches en défenseur des pauvres et à l’avant-garde de la lutte contre la précarité ? Bien évidemment, il y a anguille sous roche. Cette fois, il est question de prolonger les droits aux chômages mais pour supprimer l’Allocation de solidarité spécifique qui permet d’avoir un revenu après avoir épuisé ses droits aux chômages et qui permettait de cotiser pour la retraite.

Concernant ce prolongement du droit au chômage, la ministre du travail a expliqué que « ce que [elle] appelle longue durée, c’est au-delà des deux ans déjà prévus par la convention d’assurance chômage, évidemment dans des modalités adaptées ». On peut imaginer que le terme « modalités adaptées » promet une offensive pour rogner certains droits d’accès au chômage. On ne pourra bénéficier du chômage de longue durée que sous certaines conditions et il n’y a aucune précision sur la durée de cet allongement de droit.
Or, ce qui accompagnerait cette mesure, dont les contours sont aujourd’hui flous, ce n’est autre que la disparition de l’Allocation de solidarité spécifique (ASS), mise en place depuis 1984 et qui permet d’avoir un revenu après avoir épuisé ses droits au chômage.

Concernant cette suppression de l’ASS, le gouvernement s’offre plusieurs opportunités : soit la supprimer purement et simplement soit transférer cette allocation au RSA. Or, lorsque l’on perçoit l’ASS cela compte pour les cotisations des retraites, ce qui n’est pas le cas du RSA. Une pierre deux coups, le gouvernement en même temps de couper les vivres aux plus précaires, fera des économies sur les retraites.

Pour l’instant ce ne sont que des hypothèses puisque, prudent, le gouvernement a bien expliqué que les modalités seraient définies par les partenaires sociaux dans le cadre d’une renégociation sur l’assurance-chômage. Cela sera donc aux syndicats, plus que complaisant avec le patronat, de faire tomber le couperet sur la tête des chômeurs. Les syndicats devront donc assurer la responsabilité de la réforme, ce qui ne peut qu’arranger un Macron au plus bas dans les sondages et vivement critiqué pour sa politique menée depuis son arrivée au pouvoir.

De plus, par cette manœuvre le gouvernement contente les syndicats réformistes qui se plaignent du non respect du dialogue social. Un dialogue social qui s’annonce bien évidement biaisé dès le départ d’autant plus que les discussions se feront sous surveillance de l’État qui fournira un document de cadrage qui fera lui-même l’objet « d’une concertation préalable ».

Pour lutter contre la précarité quoi de mieux que de supprimer les aides qui viennent compléter les bas salaires ?

Si d’ores et déjà la réforme de l’assurance chômage promet de faire des remous, ce n’est rien comparé à ce que nous réserve l’autre volet de la réforme ! En effet, Macron a mis en avant sa volonté d’en finir avec les pratiques qui « ont pu involontairement encourager le développement de ce qu’on appelle la permittence et de la précarité ». Ici, il n’est pas question d’interdire le CDD et de généraliser le CDI pour toutes et tous mais plutôt de taper une fois encore dans le portefeuille des plus pauvres, ces sans-dents comme dirait son prédécesseur, ces rebuts de la société qui profiteraient des aides de l’État... Pour lutter contre la précarité, il faudrait pousser les chômeurs à ne pas se contenter de CDD, mais à chercher un CDI car après tout c’est vrai le chômeur ne cherche pas plus que ça.. Pour se faire, le gouvernement, souhaite tout bonnement en finir avec les aides venant compléter les bas salaires. Une façon de tenir les chômeurs responsables de leur situation.

Christophe Castaner, expliquait en effet sur RTL que le fait de « pouvoir travailler un peu et bénéficier des droits au chômage » était de « vraies déviances ». Le cumul entre bas salaire et allocation chômage est donc dans la ligne de mire du gouvernement. Challenges souligne que dans une note de 2015 du Conseil d’analyse économique, il est question en effet d’en finir une fois pour toute avec le fait « de pouvoir indéfiniment travailler la moitié du temps en enchaînant des contrats courts tout en gagnant un revenu proche d’un temps plein », le rôle de l’assurance chômage n’étant pas « de subventionner certains métiers ou secteurs dont les emplois sont instables ».

Toujours sur le principe d’envoyer en première ligne les syndicats, Christophe Castaner sur RMC, expliquait que « si ce système contribue à vous coincer dans des CDD, des contrats précaires, plutôt qu’aller dans des CDI alors que vous avez une reprise économique, il faut en discuter avec les partenaires sociaux. »

Derrière les beaux discours expliquant qu’il faut négocier une nouvelle convention d’assurance chômage pour mieux lutter contre la précarité, le gouvernement est sur le point d’engager une nouvelle bataille contre les travailleurs, les travailleurs précaires ou privés d’emploi. Le gouvernement enrobe ses paroles de feuille d’or pour faire passer une pilule qui sera dure à avaler.

Pénicaud veut que l’accord entre syndicats et patronat tombe pour le printemps 2019, pile au moment de la réforme des retraites qui s’annonce compliquée pour le gouvernement. Une date risquée puisque la réforme de l’assurance chômage touche également les retraites puisqu’il veut supprimer l’ASS, ce qui pourrait dés lors pousser à des convergences. Alors soit le gouvernement pense pouvoir mettre en marche une blitzkrieg néo-libérale et attaquer travailleurs et retraités en même temps, et il pourrait s’en mordre les doigts, soit il s’agit une fois encore d’une tentative de sonder les colères pour voir si oui ou non ils peuvent y aller franco. Dans les deux cas, il faut que travailleurs, chômeurs, retraités et étudiants fassent front pour empêcher cette nouvelle destruction de nos conquêtes sociales.


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