Alors qu’il devient de plus en plus difficile d’organiser une fête techno dans les règles lorsqu’on est amateurs en France, la préfecture du Finistère vient de franchir une étape supplémentaire. En effet, elle exige des organisateurs d’une free party légale prévue début aout sur la commune de Leuhan, de payer pour l’intervention de la gendarmerie sur leur manifestation et présente ainsi une note de 12 000€, pour un rassemblement qui devrait accueillir environ 2000 personnes.

Nous comprenons, acceptons et nous sentons totalement concernés par les opérations de sécurité routière en relayant les campagnes de prévention, notamment en distribuant des éthylotests, flyers… avec le soutien des associations de Réduction des Risques.

Cependant nous ne pouvons accepter que ces dispositifs de contrôle soient à la charge de l’organisateur, surtout sur un rassemblement festif d’aussi faible importance. Comme l’ensemble des citoyens nous contribuons déjà par l’impôt et les taxes au financement des forces de l’ordre de ce pays.

Nous refusons de payer une facture supplémentaire, surtout pour des évènements culturels ouverts à tous et gratuits. Lors de cette même réunion, la préfecture demandait aux organisateurs de mettre en place d’importants dispositifs anti-terroristes, tout en signalant que le Ministère de l’Intérieur ne donnerait aucune aide pour cela.

Ces deux exigences sont considérées comme obligatoires pour que la fête se tienne, sinon elle serait annulée, comme de nombreux festivals techno en France ces dernières semaines, notamment à cause de l’état d’urgence. Il appartient au gouvernement de sécuriser la vie culturelle de ses citoyens contre le terrorisme et pas à ceux qui la font vivre, a plus forte raison quand il s’agit de bénévoles ! Ce n’est pas aux artistes de payer les conséquences de l’état d’urgence.

Nous refusons une société ou l’intimidation force ceux qui ont moins de moyens à rester chez eux alors que les plus riches peuvent festoyer à l’abri. Cela ne concerne pas que les fêtes techno, mais l’ensemble du secteur culturel qui se trouve ainsi à la merci de facturations arbitraires et sans mode de recours aucun. Les préfectures sont à la fois juge et partie, « prestataires » et décideurs en termes d’autorisation.

Nous appelons tous les organisateurs de spectacle en France, quels que soient leur statut, à réagir pour stopper cette dérive !

En juin dernier, nous adressions un courrier au Premier Ministre pour demander un rendez-vous pour faire le point sur le dossier Free Party, dans un esprit de dialogue et de concertation. Depuis nous n’avons reçu aucune réponse.

Par solidarité avec nos collègues bretons et dans l’attente de plus amples explications sur cette nouvelle doctrine, nous suspendons au niveau national tout projet de manifestation légale et toute démarche de concertation avec les préfectures.