Alors que depuis le début de la semaine, le mouvement des agriculteurs se diffuse et s’étend sur le territoire national, la nouvelle porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot, s’est exprimée sur la mobilisation ce mercredi à l’issue du conseil des ministres. Après avoir affirmé que son gouvernement a « entendu » l’appel de « la nation agricole », elle s’est dépêchée de justifier l’absence de répression policière expliquant que si « les blocages ont lieu », il n’était « pas question de venir empêcher cette expression de revendication » qui se passe « dans des conditions de sécurités respectées ». Une prise de position cohérente avec celle du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin qui assurait deux jours plus tôt qu’il « n’est pas prévu d’évacuation » des blocages.

Cette politique a donné lieu à des scènes pour le moins inédites ces derniers jours. Sur les réseaux sociaux, circulent des vidéos où l’on voit des policiers escorter des manifestants d’Agen, dirigé par la Coordination Rurale marquée à l’extrême-droite, devant des banques et des bâtiments de l’État pour qu’ils y déversent du fumier. La police y a même fait la circulation pour permettre aux agriculteurs d’aller faire une action coup de poing. Toujours dans la ville du Sud-Ouest, les agriculteurs ont déversé ce mercredi pneus, lisier et fumiers devant la Préfecture avant d’y mettre feu, sous l’œil passif des CRS.

De quoi surprendre les secteurs qui sont confrontés au déferlement de répression du gouvernement ces dernières années, des militants écologistes aux Gilets jaunes en passant par la jeunesse ou le mouvement ouvrier. Mais il ne faut pas s’y tromper : si le mouvement des agriculteurs n’est pas réprimé « comme les autres » par la police, c’est d’abord parce que la macronie est terrifié des conséquences que pourrait avoir une intervention des forces de répression contre la mobilisation, et espère que le contrôle de la FNSEA pourra canaliser la mobilisation et la calmer le plus vite possible.

Car s’il y a un bien une peur qui anime le gouvernement, c’est que la crise en ouvre une autre et que le mouvement fasse tâche d’huile, alors que la mobilisation est massivement soutenue par la population. En ce sens, la macronie va jusqu’à s’afficher comme un soutien des manifestants, promet des mesures rapides, rencontre la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs qui s’érigent en dirigeants de la mobilisation... Une crainte de l’explosion sociale qui va de pair avec l’espoir de couper l’herbe sous le pied de l’extrême-droite, qui cherche à se présenter comme le parti des agriculteurs, et jouit effectivement d’une forte popularité dans le mouvement.

Un pari difficile face à un mouvement qui s’est désormais installé dans tout l’Hexagone et qui pourrait s’étendre jusqu’à la capitale dans les jours à venir, alors que la tentative de reprise en main de la FNSEA ne va pas sans contradictions. La réaction du pouvoir est en tout cas un symptôme de la fébrilité de la macronie dans la crise actuelle, qui mettent de nouveau en lumière les fragilités du gouvernement.

Une situation dans laquelle les organisations du mouvement ouvrier devraient s’engouffrer. A l’heure où 70 % de la population s’attend à ce que la mobilisation déclenche un mouvement social d’ampleur, les directions syndicales ne peuvent pas rester muettes et doivent proposer un programme en direction des agriculteurs de petites et moyennes exploitations. Un programme qui, comme nous l’écrivions, s’oppose à la politique de la FNSEA et s’adresse aux paysans pauvres, en cherchant « à remettre en question le système agraire actuel qui est destinée servir les grands capitalistes de l’agro-alimentaire, la grande distribution, l’industrie et les banques. Voilà ce que devrait proposer le mouvement ouvrier aux agriculteurs, pour lutter contre l’influence de l’extrême-droite, mais aussi de « syndicats » traitres vendu aux lobbys agro-alimentaires et retourner la colère légitime des petits agriculteurs contre les vrais responsables : le grand patronat ».