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Crise sanitaire

Les masques DIM distribués aux enseignants et à certains élèves sont traités à un biocide toxique

Selon Reporterre, les masques fournis par l’Éducation nationale aux enseignants et à certains élèves seraient traités à la zéolithe d’argent, un biocide considéré comme toxique pour la santé humaine et l’environnement. Si la dangerosité de ces masques n’est pas établie, cette révélation met en lumière le manque de moyens et de transparence en matière de gestion de crise dans les établissements scolaires.

Inès Rossi

13 octobre 2020

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Crédits photo : Capture d’écran / Actu Orange

Depuis la rentrée, la seule mesure mise en place dans les écoles est le port du masque obligatoire pour les personnels et les élèves à partir de 11 ans, sans autre adaptation de fond permettant d’assurer des conditions d’enseignement dignes et sûres. L’Éducation nationale a certes distribué des masques aux enseignants et à une partie des élèves, de la marque DIM, mais en nombre bien insuffisant : seulement cinq masques par personnes, sachant qu’un masque lavable ne doit se porter plus de 4 heures d’affilée, et ne peut être lavé que 30 fois pour garder son efficacité.

Ces masques DIM ont déjà fait parler d’eux. C’est avec ce masque qu’Emmanuel Macron s’était étouffé en essayant de prononcer un discours, début septembre. La vidéo de cet incident avait largement été partagée sur internet, et dans notre article, nous pointions « les difficultés concrètes que pose ce protocole minimal, décrété sans que soit menée une véritable réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour assurer l’enseignement en temps de Covid. »

Depuis, l’ARS a déclaré que ces masques en tissu ne constituaient pas « une protection suffisante envers les enfants ». Mais, selon Reporterre, la difficulté à respirer et la protection insuffisante ne sont pas le seul problème des masques DIM. En effet, ces masques sont traités à la zéolithe d’argent, un biocide considéré comme toxique pour la santé humaine et l’environnement. L’une des propriétés de la zéolithe est de neutraliser les bactéries.

Le contact avec ces particules est a priori sans danger s’il est bref, mais les conséquences d’un contact prolongé sont encore incertaines. « Soyons clairs, écrit France Inter, si vous touchez un tissu imprégné de zéolithe d’argent, il ne vous arrivera rien. Mais si vous collez vos lèvres et votre peau durant 8 heures tous les jours, il peut y avoir une bioaccumulation de granules métalliques dans différents organes : le foie, les reins, l’intestin, les glandes surrénales et, dans de rares cas, la moelle épinière. L’Agence Europénne de produits Chimiques indique même que les particules sont « susceptibles de nuire à la fertilité ».  »

L’Université de Rouen, citée par l’Obs, estime que « l’argent ionique est, selon certains auteurs, excrété dans les urines en deux à cinq jours, alors que d’autres chercheurs montrent une bio-accumulation de granules métalliques dans différents organes : le foie, les reins, l’intestin, les glandes surrénales et, dans de rares cas, la moelle épinière ».

En bref, il est encore difficile d’établir la dangerosité potentielle de ces masques. Mais il est légitime de s’interroger sur le manque de transparence caractéristique de la gestion de la crise sanitaire dans les établissements scolaires depuis la rentrée. Au-delà de la toxicité potentielle de ces masques, ils sont de toute manière insuffisants pour assurer la protection des enseignants, des personnels et des élèves.

La défiance des professeurs envers leur ministère était déjà forte, et cet incident ne va faire que la renforcer. L’obligation du port du masque ne s’est accompagnée d’aucune prise en compte des effets de cette décision sur les conditions de travail et d’enseignement. À quelques jours des vacances, entre les masques peu fiables, les risques sanitaires, les promesses en l’air d’augmentation de salaire, les professeurs et les personnels des établissements scolaires ont l’impression d’être livrés à eux même, et pour cause.

Quel que soit l’employeur, le matériel sanitaire doit permettre de se protéger, tout en étant adapté aux conditions de travail : un enseignant qui parle toute la journée ne devrait pas se voir proposer un masque à l’efficacité contestée et avec lequel on s’étouffe ! La distribution gratuite de masques chirurgicaux en nombre suffisant est aujourd’hui absolument nécessaire. De même, parce que l’obligation du port du masque est une contrainte forte, qui a des effets sur le bien-être – voire la santé – des travailleuses et travailleurs, celle-ci doit s’accompagner d’une redéfinition du temps de travail. En réduisant, par exemple, le nombre d’heures en classe pour les enseignants et les élèves, et en recrutant du personnel supplémentaire pour compenser. Des mesures concrètes, à rebours de la politique menée par le gouvernement, qui, Covid ou pas-Covid, ne vise qu’à faire des économies sur la santé des salariés, tout en multipliant les cadeaux au grand patronat.


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