Une journée de bouchons pour les franciliens fortement incités à se déplacer en transport en commun aujourd’hui du fait du blocage des principaux axes routiers à l’entrée de la capitale par les agriculteurs et les éleveurs. Une rentrée marquée par le climat social pour le gouvernement qui ne fait que prolonger les coups de chaud de l’été. Après la multiplication des actions et des interpellations au gouvernement en juillet et en août, les éleveurs en difficulté, faute de véritable solution apportée par le gouvernement, ne décolèrent pas. Le boycott du marché du porc breton de Plérin, le lundi 10 août, par les deux grands industriels que sont les entreprises Cooperl et Bigard a mis a bas l’accord provisoire entre les éleveurs porcins et le gouvernement d’un prix du porc fixé à 1,40 euros le kilo. Conséquences : 1,36 euros le kilo, 3 000 porcs non écoulés, et la reprise du mouvement dans le monde agricole.

Une crise, bien réelle et profonde frappe le monde agricole en pleine reconversion vers un modèle à deux vitesses : d’un côté une agriculture de grandes exploitations, dominantes, surproductivistes et de faible qualité, et de l’autre, un modèle agricole axé sur de petites exploitations de qualité qui court-circuitent les intermédiaires, mais qui vivent grâce à des prix de vente beaucoup plus élevés et ne représentent qu’une toute petite part de marché. Entre ces deux extrêmes, ce sont les exploitations de petite et moyenne taille, ayant souffert de la hausse du prix de l’alimentation animale, qui accusent une trop faible productivité pour faire face à la concurrence européenne et internationale, sans pour autant avoir converti leur production vers du « haut de gamme » et qui sont frappées de plein fouet.

Si la Confédération Paysanne, marquée à gauche, appuie la colère des éleveurs, elle ne se joindra pas aux actions parisiennes, et maintiendra les actions en province. Et pour cause, les céréaliers et les producteurs de betteraves, tout comme les éleveurs à la tête des grandes exploitations, surfent sur la colère des éleveurs en difficulté et cherchent à se mettre en tête du cortège pour tirer la situation à leur avantage.

Abaissement des normes agro-sanitaires, allègement de charges à hauteur de 3 milliards d’euros, voilà les principales revendications que met en avant la FNSEA. La politique de la subvention, encore et toujours, qui viendra prioritairement dans la poche des plus gros et des plus résistants, renforçant l’inexorable mouvement de concentration-disparition qui touche le monde agricole actuel. La FNSEA, étendard d’un modèle agricole surproductiviste, ne fait, en l’occurrence qu’appuyer le mouvement en cours et n’est en rien une solution pour la mise en place d’une agriculture productive et de qualité, au service de la population et des conditions de travail des paysans et des travailleurs des campagnes.