Devant un parterre de préfets réunis à l’Elysée, Macron a précisé jeudi 15 septembre les contours et l’agenda de la prochaine Loi Immigration, dont Darmanin a passé l’été et la rentrée à faire la promotion. Celle-ci devrait ainsi finalement être déposée début 2023.

Dans son discours, le Président de la République a tenté de donner l’impression d’un changement de ton. Après un été marqué par les expulsions commandées directement par Darmanin et la surenchère xénophobe, Macron a affiché l’ambition de préserver les « droits fondamentaux de toute personne » et de favoriser une « meilleure répartition des étrangers sur le territoire français, notamment dans les « espaces ruraux, qui, eux, sont en train de perdre de la population ».

Pourtant, sur le fond, Macron poursuit évidemment la politique xénophobe annoncée par Darmanin. Ainsi, l’objectif affiché de « réformer nos procédures pour pouvoir aller beaucoup plus vite et c’est indispensable » et d’« intégrer beaucoup plus vite et beaucoup mieux celles et ceux qui ont même un titre provisoire par la langue et par le travail » cache mal la priorité n°1 : améliorer « l’efficacité des politiques de reconduite ».

De même, Macron a souligné sa volonté de prolonger le conditionnement de l’octroi de visas « à l’esprit de coopération pour reprendre les étrangers en situation irrégulière, à commencer par celles et ceux qui troublent l’ordre public » » - dans la continuité de sa politique actuelle – ou encore de mettre en place des politiques répressives spécifiques à Mayotte en Guyane, « deux territoires qui feront l’objet d’une attention toute particulière ».

Macron a par ailleurs confirmé la volonté de faciliter la possibilité de « double-peine » pour les étrangers. Venue faire la pub du projet sur CNews, la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée Nationale Aurore Bergé abondait ce vendredi dans ce sens : « Les Français ne comprendraient pas que quelqu’un qui n’est pas français, qui a enfreint les règles, les valeurs de notre République, qui a été condamné, reste malgré tout sur notre territoire. »

Derrière l’intention affichée d’un discours qui se prétend « équilibré », la ligne est claire : mettre en avant la promesse « d’intégration » d’une partie des étrangers, triés sur le volet, pour mieux justifier la répression de l’écrasante majorité des autres. Une rhétorique du « bon » et du « mauvais » qui a souvent été le masque de politiques xénophobes brutales.

Ainsi, derrière les jeux de langage et la volonté de Macron de donner l’impression d’un « en même temps » sur le terrain de l’immigration, les contours de la nouvelle loi annoncent une offensive xénophobe importante dans les mois à venir, au travers de laquelle le gouvernement tente de reprendre la main sur une actualité menaçante sur le terrain social. Dans ce cadre, il est fondamental que l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier, du mouvement social et de la gauche se préparent à lutter contre l’offensive à venir.