A 10 heures ce vendredi matin, le traditionnel défilé militaire du 14 juillet s’élançait sur les Champs-Élysées. Une mise à l’honneur des forces militaires de l’impérialisme français dans un contexte belliqueux international, où ont défilé réservistes, marins, légionnaires, avions de défense déployés dans l’Est de l’Europe sous les yeux intéressés de Narendra Modi, chef réactionnaire de l’État indien et « invité d’honneur » d’Emmanuel Macron.

Pourtant derrière la tentative de démonstration de force se cache (mal) la tension qui règne au sommet de l’État. La journée devait marquer la fin des « 100 jours d’apaisement » pour sortir de la bataille des retraites, mais l’explosion de colère dans les quartiers populaires suite au meurtre policier de Nahel a de nouveau plongé le gouvernement dans la crise, le forçant à changer ces plans, jusqu’à l’annulation du discours de bilan qu’avait annoncé le président lui-même en avril dernier.

Une crise politique qui est loin d’être refermée et qui s’est invitée jusqu’au défilé du 14 juillet : lors de son arrivée sur les Champs-Élysées, Macron a été copieusement hué par la foule sous les cris de « Macron démission », qui semble désormais accompagner le président dans chacun de ses déplacements.

Pourtant, le gouvernement avait pris ses dispositions pour empêcher toute forme de contestation de s’exprimer. Interdiction des feux d’artifice, annulations des festivités, mobilisation de 130.000 policiers…par crainte d’une reprise de la mobilisation après les révoltes, le gouvernement a débloqué des moyens massifs pour le 13 et le 14 juillet. Un dispositif répressif d’ampleur dont le militant Ritchy Thibault a de nouveau fait les frais : présent sur les Champs-Élysées ce vendredi matin, il a été interpellé et placé en garde-à-vue avant-même le passage d’Emmanuel Macron.

A l’inverse d’une reprise en main ou un « retour à l’ordre », ce 14 juillet, le colossal dispositif policier déployé, les émeutes de ces derniers jours dans les quartiers populaires ou les huées qui accompagnent désormais Macron à chacune de ses sorties apparaissent comme les symptômes de la crise politique de laquelle le gouvernement n’arrive pas à sortir. Et pour se faire, il faudra plus qu’une fête nationale.