Parti de La Chapelle, dans le 18ème, quartier emblématique des expulsions et des violences contre les migrants qui campent dans la rue depuis plusieurs semaines, le cortège s’est dirigé jusqu’à la Place de la République. En première ligne de la manifestation, un magnifique cortège regroupant plus de 200 migrants, réfugiés et membres du Collectif Sans Papiers 75 portant les banderoles « Logements pour tous », « Non aux violences policières », « Nous demandons l’asile ». Au rythme des percussions et chants, ils ont revendiqué leur droit à rester en France et à y reconstruire leur vie. Le gouvernement français, expliquaient-ils, ne peut pas continuer à coloniser l’Afrique, piller ses ressources et financer ses guerres et parallèlement refuser aux personnes le droit de fuir la misère et les guerres, et de s’installer dans un autre pays.

Parmi les présents ce mardi soir, de nombreux militants associatifs, syndicats et partis de gauche : Europe Ecologie-Les Verts, Front de Gauche (PCF, PG, Ensemble), NPA et Lutte Ouvrière, deux cortèges étudiants de l’ENS et de Paris 1 ainsi qu’un cortège de lycéens parisiens. La présence syndicale, de Solidaires, mais surtout de la FSU et de la CGT, pourtant signataires de l’appel, aurait pu être supérieure. Leur participation est non seulement indispensable pour augmenter la visibilité du mouvement et lui donner la portée qu’il réclame : celle de la solidarité, et donc de la solidarité des travailleurs avec les immigrés et tous les sans-papiers. Car ce n’est qu’en solidarisant une frange importante du monde du travail que le combat des migrants sortira victorieux. Cette présence est également essentielle pour être à la hauteur de la préparation des luttes contre ce gouvernement adepte du passage en force, que ce soit avec le 49.3 ou les CRS, un gouvernement raciste et de recul social.

La Préfecture de Paris a fait en sorte que le cortège ne passe pas devant des lieux de pouvoir, comme l’Hôtel de ville, afin d’en empêcher la contestation et pour ne pas favoriser la jonction entre les migrants des deux principaux camps de Paris, La Chapelle et Austerlitz. Cela témoigne de l’inquiétude du gouvernement et montre qu’il est bien conscient de la tournure que peuvent prendre les événements, ne souhaitant pas revivre un nouveau Saint-Bernard comme en 1996. Pour éviter cet écueil, un dispositif policier massif a été déployé, encerclant littéralement la manifestation. Les CRS, à l’affût, surveillaient tous les faits et gestes des manifestants, attendant, en vain, le moindre débordement qui aurait « légitimé » leur intervention.

A la fin de la manifestation, deux prises de parole ont rappelé que la situation des camps de Paris et du reste de la France, est loin d’être réglée. Pour cette raison il est absolument nécessaire de continuer à soutenir les migrants et les réfugiés. Ces derniers ont besoin que la solidarité autour d’eux s’amplifie. D’un point de vue logistique, les migrants ont besoin d’un soutien alimentaire et d’orientation juridique, ce que le « Comité de soutien aux réfugiés de la Chapelle » prend en charge au quotidien. D’un point de vue politique, la bataille ne fait que commencer et il faut travailler dans le sens d’un mouvement de soutien le plus large possible, afin de lutter contre les dispositifs de domination qui constituent des « usines à réfugiés » et arrêter les mesures discriminatoires que le gouvernement voudrait mettre en place avec son projet de réforme de l’asile.

Une seconde réunion unitaire, en présence d’une délégation des migrants, est prévue le mercredi 17 pour envisager les suites à donner au mouvement et réfléchir à l’organisation d’une journée d’action plus large et nourrie. Les organisations politiques et syndicales se doivent impulser une solidarité de l’ensemble du mouvement ouvrier, en lien avec les migrants eux-mêmes.