Les enseignements de la journée du 9 janvier sont à double tranchant. D’un côté, celle-ci a montré l’énorme détermination des grévistes de la RATP et de la SNCF qui continuent, après 36 jours de grève, à exiger le retrait et à perturber de manière importante les transports publics. De l’autre, on voit que la mobilisation de ces seuls secteurs ne suffira pas à gagner et que le gouvernement tente de passer en force en profitant de l’usure des grévistes. C’est le sens de la répression très violente qu’il y a eu dans les rues ce 9 janvier, y compris contre des salariés grévistes. C’est le sens de la nouvelle contorsion autour de la conférence de financement qui vise surtout à déplacer la question de l’âge pivot pour avaliser le plus rapidement avec une procédure d’urgence le cœur de la loi.

Dans ce contexte, la question de l’extension de la grève devient chaque jour plus vitale pour le mouvement. Et ce d’autant plus que d’autres secteurs sont déjà en action ou se posent la question de bouger. La CGT Chimie a appelé dans les raffineries à continuer le mouvement jusqu’au 16 janvier. La CGT Banque de France annonce une reconductible bloquante qui pourrait perturber l’approvisionnement des distributeurs à partir de lundi. Dans le secteur de l’énergie, les coupures sont organisées par les salariés mobilisés, comme celles survenues à la gare puis au commissariat de Bordeaux, et sans compter tous les autres secteurs où la colère est grande : éducation, hôpitaux, etc.

Mais il faut aussi penser à tous ces secteurs du privé qui se mobilisent lors des grandes journées d’action, et qui expliquent le caractère massif des cortèges, mais dont la présence n’est recensée ni par les entreprises ni par les syndicats. Pire, les directions syndicales ne font pas le travail concret pour étendre la grève dans ces secteurs, les organiser et les rendre visible pour fortifier le conflit.

Malgré cette absence de travail, les journées annoncées par l’intersyndicale peuvent servir de point d’appui pour étendre la grève. Samedi 11 janvier, une journée de manifestation est appelée pour permettre à l’ensemble des secteurs de se mobiliser sur un week-end. Ce 11 janvier doit permettre de tisser des liens interprofessionnels avec de nouveaux secteurs du privé qui pourraient, profiter d’une journée un samedi, pour transformer leur soutien passif, grève par procuration, en un soutien actif par la grève les jours suivants. Étendre la grève à d’autres secteurs, et au privé, il s’agit d’une question vitale pour gagner face à Macron.

Crédits photo : afp.com - Abdulmonam EASSA