La journée a commencé dans une ambiance bon enfant à Marseille. Á 14 heures, un cortège pour la revalorisation des salaires s’est élancé de la Préfecture. Même s’il comportait de nombreux Gilets Jaunes, sa composition était assez classique, à l’appel de la CGT mais aussi de la FSU, de Solidaires et d’organisations politiques telles que le PCF, le NPA, le PRCF, LO et la FI. Jean-Luc Mélenchon, député de la circonscription, était d’ailleurs du cortège. Plusieurs milliers de personnes ont ainsi défilé sur la rue Saint-Ferréol.

Quelques rues en amont, le collectif du 5 novembre constitué des proches des victimes de l’effondrement de deux immeubles de la rue d’Aubagne, il y a près d’un mois et des riverains manifeste contre l’habitat indigne à Marseille et pointe la responsabilité du maire Jean-Claude Gaudin dans le drame qui a coûté la vie à huit personnes. Le rendez-vous était donné à 15 heures en haut du Cours Julien à quelques mètres des immeubles effondrés. Le cortège de plusieurs milliers de personnes a descendu la rue de Rome aux cris de « Gaudin démission », « Gaudin en prison », « Gaudin assassin » et « On oublie pas, on pardonne pas », toujours empreint de l’émotion de la perte de huit habitants, victimes de l’insalubrité des logements.

Plus atomisés dans la ville, les Gilets Jaunes se sont regroupés un peu plus haut sur la Canebière où les trois cortèges ont fusionné sous les clameurs « Tous ensemble ! ». L’ensemble des manifestations a descendu la Canebière vers le Vieux-Port puis vers l’Hôtel de Ville de Jean-Claude Gaudin, l’homme contre lequel se concentre toutes les colères depuis le tragique 5 novembre.

Pratiquement dès l’arrivée du cortège devant la Mairie, les CRS ont envoyé des quantités de gaz lacrymogènes massives obligeant les manifestants à reculer. Pendant plusieurs heures, le Vieux-Port, la Canebière et les rues adjacentes ont été envahis par l’atmosphère suffocante des grenades envoyées par les forces de l’ordre. Plusieurs Gilets Jaunes prenaient alors à partie les policiers pour avoir déployé autant de fumées toxiques dans une foule avec de nombreux enfants. Plusieurs centaines de manifestants ont résisté aux charges des forces de l’ordre en créant plusieurs barricades autour de la Canebière et récupérant les marchandises de plusieurs boutiques dont celle d’Orange. Une voiture de police a d’ailleurs été incendiée devant le principal commissariat de Noailles.

La répression, déjà implacable après le drame de la rue d’Aubagne, continue de croître dans des ampleurs inégalées depuis quelques décennies. La colère pour la justice fiscale contre l’État macroniste, pour un logement digne face à l’incurie de la Mairie de Jean-Claude Gaudin, aussi.