Une négociation envisageable pour Martinez ?

Martinez l’admet. Même si le contenu des ordonnances n’est pas encore précisément connu, « le contour [de la loi travail] est large mais suffisamment précis » pour savoir ce qu’elle représente en termes de régression des droits des travailleurs. Mais en se focalisant sur certains points d’opposition – « le fait qu’on puisse déroger en entreprises aux conventions collectives », « le fait que, par accord d’entreprise, on puisse modifier le contrat de travail » et « les contrats de chantier, de projet » - c’est l’ensemble de la loi que Martinez refuse de contester.

Pis, il ouvre même la porte à l’acceptation d’un certain nombre de concessions gouvernementales, notamment sur la question de la négociation, au niveau de la branche, du contrat de travail. Et c’est d’ailleurs un point qui a été proposé par Force Ouvrière, dans son « tournant constructif », et la CGPME, syndicat patronal des PME, et sur lequel le gouvernement semble prêt à se rallier.

Tout en dénonçant la procédure de concertation, Martinez précise que le texte « n’est pas négocié », qu’« on ne sait pas quelles propositions des syndicats seront retenues ». Une manière de dire que certaines pourraient être acceptables ? C’est en tout cas ce que les déclarations de Martinez portent à croire tout comme son appel au gouvernement pour mettre en place « une réunion, multilatérale, fin août » en présence de l’ensemble des organisations syndicales et patronales et du gouvernement.

Alors que le gouvernement de Macron ne fait aucun effort pour cacher son jeu pro-patronat et anti-ouvrier, cette posture ouverte à la discussion de la centrale de Montreuil peut sembler déconcertante. Mais en réalité cette attitude est indissociable de la stratégie du « dialogue social », auquel Martinez, ainsi que l’ensemble des centrales syndicales françaises, sont profondément attachées.

« Dialogue social » qui n’est rien d’autre qu’une stratégie de conciliation avec le patronat et l’Etat et qu’à aucun moment ne sert à défendre les intérêts des travailleurs face aux attaques contre leurs acquis sociaux.

Le gouvernement de Macron-Philippe est un gouvernement pro-patronal de combat, il n’entend que le langage du rapport de force. Il n’y a rien à « concerter ».

Le 12 septembre dans le rue, et après ?

Pourtant, la CGT appelle d’ores et déjà le 12 septembre à une journée de mobilisation dans la rue. Et si, face à Bourdin, Martinez se défend d’organiser cet été des « initiatives militantes lors du Tour de France, sur les plages », il précise qu’il refusera d’appeler les militants CGT à se joindre à d’autres initiatives comme par exemple le mercredi 12 juillet, au rassemblement contre la loi travail appelée par la France Insoumise. « On s’échauffe » précise-t-il, « il y a besoin d’expliquer, et puis on a besoin de repos ».

Face au gouvernement et au patronat qui sont à l’offensive et qui ne prendront pas de vacances, la CGT reste donc très timorée. Son travail de l’été, donc, elle préférera le centrer sur le dialogue avec le gouvernement et non pas dans la construction véritable d’une mobilisation, dans les entreprises, en engageant les équipes syndicales dans la bataille.
Pourtant, pas moins que l’année dernière sur la loi travail, les salariés sont prêts à accepter son deuxième volet, puissance dix. Dès cet été dans les boites et dans la rue, c’est l’opposition dès la rentrée qu’il faut construire, non seulement pour une manifestation le 12 septembre, mais en pensant à la suite inévitable si l’on veut gagner. Car après l’expérience de la loi travail de 2016, on sait très bien qu’il faudra plus que l’appel à des journées de grève saute montons pour faire plier le gouvernement.