Une attaque en toute impunité

Les groupes identitaires comme la Ligue du Midi, qui s’est fait connaitre officiellement lors des élections régionales en 2010 en Languedoc Roussillon, n’hésitent pas à recourir à des méthodes violentes – agressions, intimidation, casse, désinformation – pour tenter d’imposer leurs idées nauséabondes.
Menée en plein jour, à visages découverts et filmée afin d’être publicisée sur les réseaux sociaux : l’attaque perpétrée sous les ordres de Richard Roudier et un de ses fils pue le sentiment d’impunité à plein nez. Il faut dire que les groupuscules identitaires ne sont que très rarement poursuivis pour les violences qu’ils commettent, et ce même lorsque des preuves existent. Ils ont donc les mains libres, qu’il s’agisse de mettre à sac un local ou de passer à tabac ceux qui ne leur plaisent pas : migrants, personnes racisées et militants. Ces méthodes fascistes illustrent pourtant la plus grande lâcheté : couverts par la police et la justice, une dizaine d’individus s’en sont pris à un local de 20m2 dans lequel travaillaient deux salariées et un stagiaire !
L’association a porté plainte ; encore faudrait-il que la plainte soit instruite et que la justice décide de se saisir des faits, ce qui n’a que très rarement été le cas auparavant.

Des arguments fallacieux

RAIH est une association d’accueil et d’insertion de mineurs isolés étrangers qui, comme beaucoup d’associations, sont là pour pallier aux manques de l’Etat, et tenter de compenser les conséquences des politiques néfastes des gouvernements successifs sur le plan de la prise en charge des migrants et des classes populaires les plus en difficulté. Au pays des soi-disant droits de l’homme, l’Etat a légalement obligation de protéger les mineurs en danger, quelle que soit leur nationalité : des centaines d’entre eux dorment pourtant dans la rue dans plusieurs villes de France. S’en prendre à de telles associations, quel que soit le prétexte, revient à s’en prendre directement aux mineurs isolés étrangers. Quelle responsabilité ont ces enfants et adolescents dans la situation tragique et extrêmement précaire dans laquelle ils se trouvent ?

Pour justifier l’attaque, les identitaires avancent… que deux cadres d’une autre association, directeurs de projets aux objectifs similaires, toucheraient un salaire trop élevé ! On voit assez mal en quoi s’en prendre à une petite association, dont le local exigu est équipé grâce aux achats faits auprès d’un réseau associatif de vente de matériel d’occasion, serait légitimé par les éventuels abus, qui restent par ailleurs à démontrer, commis par une autre structure. En outre, s’en prendre par surprise à deux salariées et un stagiaire pour dénoncer des actes commis par deux directeurs est à la fois affligeant et totalement erroné ; mais il est évidement bien plus facile pour un groupe majoritairement masculin à l’esprit guerrier de s’en prendre « héroïquement » à un groupe de 3 personnes désarmées en envoyant valser des documents et détruisant un écran d’ordinateur que de combattre réellement le directeur ou le chef de projet évoqués dans leur diatribe. On est bien loin de la pseudo-défense des « Français en difficulté » que l’extrême-droite avance systématiquement pour couvrir ses actes et propos racistes…

Entre passivité et complaisance : un sentiment d’impunité issu du racisme structurel

Suite à cet événement, Muriel Ressiguier, députée France Insoumise fraîchement élue à Montpellier, a demandé la dissolution de la Ligue du Midi. Pourtant, le sentiment d’impunité que cette dernière attaque en date de la Ligue du Midi illustre, plonge ses racines dans le racisme d’Etat, illustré depuis des décennies par les politiques successives, qu’il s’agisse de droit à l’entrée et au séjour, de répression des soutiens aux migrants ou de violences policières à l’encontre des personnes racisées, notamment dans les quartiers populaires. Face aux violences d’Etat tout comme face aux groupuscules fascistes, c’est donc en auto-organisant notre propre défense qu’il faudra riposter, et non sur un Etat qui fait prospérer le racisme depuis toujours.

Ne pas se tromper d’ennemi

En mai 2017, le nombre de personnes mortes en tentant de traverser la Méditerranée, fuyant la guerre et la misère, s’élevait déjà à plus d’un millier. Ce n’est pas aux mineurs isolés et aux salariés qui leur viennent en aide qu’il faut s’en prendre, mais bien à la racine du problème : les guerres et les pillages de ressources menés par les pays impérialistes ne cessent d’accroitre les inégalités et les morts, plongeant dans l’horreur et la misère des centaines de milliers de gens.

Mais à qui profite le crime ? Certainement pas aux migrants qui périssent en mer ou sur le toit d’un Eurostar, ou à ceux qui tentent de survivre dans des abris de fortune ou sous des ponts lorsqu’ils réussissent à atteindre le sol français… mais bien aux gouvernements des pays impérialistes, aux vendeurs d’armes, aux négociateurs de pétrole et de matériaux, à l’ensemble des entreprises françaises actrices de la Françafrique, protégées par les forces armées françaises. Mais aussi aux entreprises implantées sur le sol français, qui profitent de la situation précaire voire irrégulière des migrants pour les maintenir à un salaire de misère en les faisant travailler sans nécessairement respecter les conditions minimales de sécurité. Mettre fin à cette situation d’exploitation et d’oppression impose de s’unir contre toute tentation nationaliste, de droite comme de gauche, et de lutter pied à pied contre ceux qui nous divisent pour mieux nous affaiblir ! C’était le sens de la manifestation locale « Migrant-e-s Bienvenue » du 24 juin, et c’est aussi celui de l’appel à se rassembler en soutien devant la Préfecture de Montpellier, ce mardi à midi, dont le NPA est co-signataire.