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« Nous sommes des travailleurs ! »

Montreuil. Rassemblement des compagnons d’Emmaüs au 173ème jour de grève pour exiger la régularisation

Mercredi, après 173 jours de grève, les compagnons d’Emmaüs se sont rassemblés devant le siège national à Montreuil. Une mobilisation à soutenir massivement, à l’heure où le durcissement de la xénophobie d’État vient d’être voté à l’Assemblée.

Léo Stella

21 décembre 2023

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Montreuil. Rassemblement des compagnons d'Emmaüs au 173ème jour de grève pour exiger la régularisation

Capture d’écran : Louise Bihan

Mercredi 20 décembre, à l’appel de l’UD CGT 59 et du CSP 59, près d’une centaine de travailleurs sans-papiers et leurs soutiens se sont rassemblés devant le siège national d’Emmaüs à Montreuil pour faire entendre leurs revendications pour la régularisation et des conditions de travail digne. Alors que certains en sont à leur 173ème jour de grève, les directions font la sourde oreille, et tentent d’étouffer la grève par la répression.

C’est donc pour marquer leur détermination que les grévistes sans-papiers d’Emmaüs se sont rassemblés pour montrer qu’ils n’arreteront pas leur lutte tant qu’ils n’obtiendront pas gain de cause. Un événement d’autant plus symbolique au lendemain de la promulgation de la loi Immigration, texte d’une brutalité historique prévoyant notamment de durcir encore les conditions de régularisation pour les travailleurs sans-papiers, déjà vulnérables à la surexploitation comme le démontre clairement la situation à Emmaüs. Dans plusieurs communiqués, l’association s’indigne et dénonce le passage de « la loi la plus répressive de la Ve République en matière d’immigration. » Une hypocrisie criante alors que ces derniers mois, la direction n’a pas hésité à user de tous les moyens ces derniers mois pour tenter d’étouffer la grève des sans-papiers.

Logés et nourris par la structure, les travailleurs—qui ont officiellement le seul statut de «  compagnon  »—sont méprisés et surveillés sans cesse par la direction, qui les filme, à l’aide de caméras de surveillance, jusqu’à dans leur domicile. Conditions de travail terribles, racisme ambiant, rémunération misérable, chantage à la régularisation… Ce sont tous ces facteurs, dissimulés par la façade de «  business humanitaire  » d’Emmaüs, qui ont poussé les compagnons à se mettre en grève sur plusieurs sites. Aujourd’hui, ils exigent leur régularisation, la reconnaissance de leur statut en tant que travailleurs, le paiement des arriérés de salaire, et la condamnation d’Emmaüs pour travail dissimulé et le paiement des arriérés de salaire.

La mobilisation a débuté cet été à Saint-André-lez-Lille. D’autres sites sont rentrés dans la bataille par la suite à Nieppe, Tourcoing, Wambrechies, et Grande-Synthe. Afin d’étouffer la grève, l’État et la direction ont répondu par la répression : En août, alors qu’ils entamaient leur deuxième semaine de grève, les grévistes de Grande-Synthe ont vu des huissiers débarquer sur leur piquet pour déposer des assignations d’amende de 400 euros par jour ainsi que des menaces d’expulsion de logement.

La répression a été particulièrement violente à Saint-André-lez-Lille, où la justice a assigné sept grévistes et deux soutiens au tribunal fin octobre. Quelques semaines plus tard, en novembre, la direction a coupé le gaz et les vivres des compagnons. Finalement, c’est les CRS qui sont intervenus à la demande de la préfecture et de la direction locale, réprimant les grévistes à coup de tabassages et de gaz lacrymogènes.

Enfin, à Nieppe, au début du mois, les grévistes ont été condamnés par la justice à lever la grève et l’occupation du site, et risquent encore des poursuites judiciaires suite aux plaintes déposées par Emmaüs France. Récemment, le journaliste Jérémie Rochas dénonçait sur X que la direction, après avoir coupé les allocations des grévistes, a décidé de leur interdire l’accès aux laveries sur le site. Autant d’exemples de répression et d’humiliations patronales qui ont conduit les compagnons, mercredi, à se rassembler devant les bureaux d’Emmaüs France, pour affirmer que ces injustices ne leur feront pas baisser la tête.

Pour la régularisation et contre la loi immigration, le mouvement ouvrier doit poser un plan de bataille offensif

La lutte exemplaire des compagnons d’Emmaüs met en lumière la situation des travailleurs sans-papiers et pointe l’enjeu d’arracher la régularisation pour tous et toutes. Alors que les sans-papiers sont déjà parmi les plus précaires et surexploités de notre classe, le gouvernement vient de passer la loi Immigration qui viendra encore empirer leurs conditions de vie : restriction des conditions de régularisation et d’accès aux aides sociales, remise en cause du droit du sol, retour du délit du séjour irrégulier, facilitation des expulsions… Face au texte voté main dans la main avec l’extrême droi-, la combativité remarquable qui s’exprime toujours aujourd’hui dans les nombreuses grèves des sans-papiers doit être un point d’appui pour le mouvement ouvrier. Celui-ci doit aujourd’hui se positionner contre toutes les offensives racistes et réactionnaires en investissant pleinement la lutte comme celle des compagnons d’Emmaüs, afin arracher le retrait de la loi immigration, et pour obtenir une régularisation sans conditions de tous les sans-papiers.


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