Crédits photo : Révolution Permanente
Ce mardi 31 octobre, sept grévistes sans-papiers d’Emmaüs Saint-André-lez-Lille étaient convoqués au tribunal, ainsi que Saïd Bouamama pour le Collectif Sans-Papiers 59 et Jean-Paul Delescaut de l’Union Départementale CGT Nord 59, en tant que soutiens de la grève. Tous sont accusés par le président du site d’Emmaüs, Pierre Duponchel, d’occupation illicite et de blocage du site. Avec cette mise en cause, il espère obtenir de la justice un ordre d’expulsion des lieux, ce qui aurait pour conséquence d’expulser les travailleurs sans-papiers d’Emmaüs de leur domicile.
Face à cette convocation, dont la visée est d’intimider les soutiens et grévistes mobilisés depuis de plus de 4 mois pour exiger leur régularisation ainsi que de meilleurs conditions de vie et de travail, de nombreuses personnes étaient présentes devant le tribunal de Lille dès 8h30. Grévistes tambour battant, syndicalistes à la CGT, membres du CSP 59, militants insoumis, de la FSE, du NPA ou encore de Révolution Permanente, toutes et tous ont scandé des slogans pour épauler les assignés en justice.
[DIRECT] Face à une grève qui dure depuis plus de 4 mois, la direction d'Emmaüs Saint-André-lez-Lille a assigné en justice 7 grévistes sans-papiers, @BouamamaFUIQP du CSP 59 et le secrétaire de l'UD CGT 59. Une tentative de criminaliser la grève et ses soutiens. Solidarité ✊ pic.twitter.com/FxxTTm5LKq
— Révolution Permanente (@RevPermanente) October 31, 2023
Quelques dizaines de minutes plus tard, le dossier étant passé prioritaire grâce au rassemblement, Saïd Bouamama, Jean-Paul Delescaut et les sept sans-papiers sont sortis du tribunal sous un tonnerre d’applaudissements. Alix, une des porte-paroles grévistes assignées au tribunal, a pris la parole : « on est confiant pour le délibéré mardi prochain. Ils ont compris que des sans-papiers se battent et se battront pour leur dignité. Je rappelle que nous sommes accusés à tort, nous gardons la tête haute et cela jusqu’à la fin. Si on doit revenir avec les tambours, on reviendra ! ».
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Dans la foulée, le sociologue et militant anti-raciste du Collectif Sans-Papiers 59, Saïd Bouamama a tenu à rappeler le caractère politique de ce procès. « A quoi assistons-nous aujourd’hui ? A des victimes de la traite, à une association qui pratique un quasi-esclavagisme, et qui assigne-t-on ? D’une part des victimes, d’autre part le plus ancien syndicat de ce pays et, troisièmement, le plus ancien CSP de France. Rien que cela souligne l’état de notre société. Ces grévistes rappellent cet état, les soutenir, c’est défendre nos droits à tous ! C’est pour cela que la seule réponse qu’il faut donner à cette assignation, c’est de répondre présent sur le piquet et financièrement. Ils entrent dans leur cinquième mois de grève ! » a-t-il déclaré.
"On assiste à une association qui pratique un quasi esclavagisme, assigne en justice des victimes, le plus ancien syndicat de ce pays, le plus vieux CSP… cela souligne l'état de la société. Voilà ce que rappellent ces grévistes et pourquoi il faut les soutenir !" @BouamamaFUIQP pic.twitter.com/82AS28B62Q
— Révolution Permanente (@RevPermanente) October 31, 2023
Enfin, le secrétaire général de l’Union Départementale CGT Nord 59, Jean-Paul Delescaut, a pris la parole : « Ils pensent être sur un référé. Mais on est bien sur un tribunal politique. Pourquoi ? parce qu’ils voudraient que toute la société soit comme Emmaüs. C’est-à-dire travailler plus de 40 heures par semaine pour un salaire de misère » a-t-il commencé, avant d’ajouter, face à la menace d’expulsion qui pèse sur les grévistes : « Ils ne quitteront pas les locaux, car ils y vivent ! La CGT ira jusqu’au bout avec eux, jusqu’à la victoire. C’est la victoire des travailleurs qu’on doit imposer aujourd’hui ».
Les grévistes d’Emmaüs Saint-André-lez-Lille ont été rejoints par leurs camarades de Dunkerque et de Nieppe, également sans-papiers et en grève depuis des dizaines de jours maintenant. Eux aussi dénoncent le même type de surexploitation de la part de leur direction. Une grève cordonnée qui met en lumière les conditions de vie et de travail des sans-papiers sur le territoire français, ainsi que le racisme de l’Etat et de ses institutions.
Une telle grève, dans une séquence d’offensive raciste de la part du gouvernement, notamment avec la loi immigration en préparation, est d’une grande importance pour notre camp si elle parvient à gagner. Plus largement, avec la situation en Palestine et l’horreur que fait vivre Israël au peuple palestinien, cette grève rappelle que l’impérialisme du gouvernement français ne se résume pas à son soutien à des dirigeants comme Netanyahu, mais s’incarne aussi sur le territoire national.
C’est ce qu’a tenu à rappeler Jean-Paul Delescaut, alors qu’il y a quelques jours à peine, la police l’interpellait à son domicile suite à la publication d’un communiqué de l’Union Départementale CGT 59 en soutien avec la Palestine : « Une pensée pour mes frères et sœurs à Gaza. Plus de 8000 victimes, des enfants qui meurent dans les hôpitaux... On a besoin que la CGT soit présente sur l’international ! C’est un génocide, on ne peut pas laisser faire et on est dans la continuité d’Emmaüs. C’est les mêmes faits, c’est l’impérialisme, c’est la France qui prend cette position de guerre à côté d’Israël. Organisons-nous jusqu’à la victoire et jusqu’à un cessez-le-feu dans le Proche-Orient ».
"Une pensée pour les gazaouis qui subissent les bombardements. On à besoin que la CGT soit présente à l'international, avec les enfants, les femmes, les hommes de Gaza ! C'est un génocide et on est dans la continuité du combat d’Emmaüs. C'est le même impérialisme !" ajoute… pic.twitter.com/zfmGcIvJlp
— Révolution Permanente (@RevPermanente) October 31, 2023
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