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Répression

Nouveau commissariat, renforts policiers : à Toulouse, Darmanin et Moudenc renforcent l’arsenal répressif

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est rendu à Toulouse, samedi 7 octobre, pour satisfaire les ambitions sécuritaires du maire Jean-Luc Moudenc. Alors que le gouvernement renforce son arsenal répressif après des mois de contestation sociale, cette visite illustre le rôle joué par le maire de Toulouse : une vitrine de la politique sécuritaire du gouvernement.

Arno Gutri

9 octobre 2023

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Nouveau commissariat, renforts policiers : à Toulouse, Darmanin et Moudenc renforcent l'arsenal répressif

Crédits photo : Capture d’écran vidéo ministère de l’intérieur

« Aux côtés de mon ami Jean-Luc Moudenc, avec qui nous partageons l’ambition de la sécurité ». Avec le mérite de la transparence, le tweet de Gérald Darmanin lors de sa visite à Toulouse donne le ton : les relations humaine et politique entre le ministre de l’Intérieur et le maire de la ville rose sont au beau fixe.

La visite de Gérald Darmanin à Toulouse, samedi 7 octobre, s’est déroulée en deux étapes : la participation au congrès national des sapeurs-pompiers et l’inauguration du nouveau quartier général de la police municipale de Toulouse. Situé dans le quartier de Basso-Cambo, ce dernier a été installé au mois de juillet et accueille 370 policiers municipaux dans deux bâtiments, dont le principal occupe une surface de 6 300 m². Le « projet le plus important jamais réalisé pour la police municipale de Toulouse », selon les mots de Jean-Luc Moudenc, a été financé grâce à «  un budget sans précédent  », explique l’adjoint au maire en charge de la sécurité.

Gérald Darmanin a profité de l’événement pour détailler la participation de l’Etat dans la politique sécuritaire locale. Le ministre de l’Intérieur a annoncé la construction d’un nouveau commissariat de police nationale à proximité de celui de la police municipale, pour un investissement de 30 millions d’euros, et l’arrivée de 19 policiers nationaux supplémentaires, soit «  130 nouveaux policiers en 3 ans, à Toulouse  ».

La présentation de ce “cadeau” de l’Etat avait tout d’un encouragement pour tous les maires de France à imiter le comportement exemplaire, dans le domaine de la sécurité, de l’édile toulousain :

« Quand les communes font beaucoup de choses, notamment en matière de sécurité, l’Etat fait autant, l’Etat met plus de moyens. Quand il y a plus de policiers municipaux, il y a plus de policiers nationaux. Quand il y a plus de caméras de vidéoprotection, il y a plus de moyens de police d’enquête, je pense notamment à la police judiciaire de Toulouse ».

Avec ces annonces, le gouvernement poursuit son renforcement policier tout en satisfaisant une revendication centrale du maire de Toulouse, ex-LR et désormais fervent soutien du gouvernement Macron. En effet, dans le cadre de la clause de revoyure du Contrat de sécurité intégré (CSI), créée avec la loi Sécurité globale afin de de coordonner l’agenda sécuritaire entre l’État et la mairie, Moudenc espérait «  obtenir une rallonge  », en plus des 111 policiers supplémentaires prévus fin 2021. C’est désormais chose faite.

Afin de légitimer ce renforcement sécuritaire, le maire de Toulouse n’a cessé d’interpeller l’Etat ces derniers mois en instrumentalisant l’actualité et en s’appuyant sur une rhétorique classique à propos de la lutte contre l’insécurité et le trafic de drogues - également chère à Darmanin qui la considère comme « la mère des batailles ». Dans une tribune publiée dans Le Monde, sa conférence de presse de rentrée ou lors du dernier conseil municipal, Moudenc s’est félicité d’avoir «  tiré la sonnette d’alarme  », en appelant à « un véritable plan d’action national pour couper cette gangrène mortifère qu’est le trafic de drogue  » et soulignant «  l’urgence d’agir et de renforcer au plus vite tous les moyens de police et de justice  ».

Pas d’austérité pour l’arsenal répressif

Mais les annonces de Darmanin à Toulouse ne sont pas la réponse à un caprice individuel d’un maire qui remplit parfaitement les objectifs du gouvernement. En effet, elles s’inscrivent dans un contexte de renforcement de l’arsenal répressif de l’Etat, en réponse à des mois de contestation, depuis le mouvement des retraites jusqu’aux révoltes de la jeunesse des quartiers populaires.

A travers la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie dans les zones rurales et périurbaines ou d’une nouvelle « unité d’investigations nationale » pour « combattre le trafic de drogue » sur le modèle de la CRS8, et alors que la crise sociale s’approfondit, l’Etat se dote des moyens de réprimer les futures explosions de colère.


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