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Offensive sécuritaire

238 brigades de gendarmerie créées : Macron poursuit son plan de renforcement des forces de répression

Ce lundi 2 octobre, à l’occasion d’un déplacement dans le Lot et Garonne, le président de la République a annoncé la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie, principalement dans les zones rurales et périurbaines. Une annonce qui s’inscrit dans l’offensive sécuritaire d’un gouvernement toujours plus fébrile après une année marquée par un mouvement social historique et les révoltes dans les quartiers populaires.

Antoine Chantin

2 octobre 2023

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238 brigades de gendarmerie créées : Macron poursuit son plan de renforcement des forces de répression

Crédits photos : capture d’écran BFM TV

En visite dans la ville de Tonneins, dans le Lot-et-Garonne, Emmanuel Macron a exposé le détail de la répartition des 2.144 nouveaux postes de gendarmes créés,répartis en 238 nouvelles brigades. Prévu dès le mois de novembre de cette année, le déploiement de ces brigades sera étalé sur quatre années, atteignant son plein effet en 2027. Cette mesure fait suite à la promesse de campagne prise par le Président, de doubler le nombre de forces de l’ordre en dix ans, soit 8.500 nouveaux agents d’ici la fin du quinquennat.

« Plus de bleu » dans les campagnes

Le choix de la ville de Tonneins, comme cadre pour les annonces sécuritaires du chef de l’Etat, n’a pas été laissé au hasard. Emmanuel Macron, accompagné du Directeur général de la gendarmerie Christian Rodriguez et du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, a inauguré la nouvelle caserne de gendarmerie de cette commune de moins de 10.000 habitants, après avoir dévoilé la nature des mesures annoncées.

Outre la création d’effectifs fixes, le chef de l’Etat a annoncé que la majorité des brigades créées seraient mobiles. Composées de six militaires, ces brigades sillonneront les localités peu accessibles à bord de fourgons ou de camping-car aux allures de food-trucks. En plus de servir de gendarmeries itinérantes, capables de réaliser des missions de dépôts de plaintes, auditions et prévention sur les places de villages, ces véhicules décrits comme « des outils high-tech » par un cadre du ministère de l’intérieur, pourront également servir de poste de commandement avancé en cas de crise. Car l’un des principaux objectifs du gouvernement et du président de la République, derrière cette opération aux airs bucoliques, vise à « répondre en partie à la crise d’autorité » de l’État, en déployant plus de « plus de bleu » sur le terrain comme le souhaite Emmanuel Macron.

Ce besoin d’une gendarmerie plus mobile, capable d’intervenir plus rapidement, illustre encore une fois la fébrilité d’un pouvoir confronté à la vivacité de la colère sociale, à l’image des perturbations auxquelles a dû faire face la communication millimétrée du Président. Une centaine de manifestants s’étaient en effet réunis à Tonneins pour perturber la venue du chef de l’Etat. Une mobilisation évacuée dans le « chaos », selon Sud-Ouest, par ces mêmes gendarmes loués par « le Président de territoires ».

Des annonces dans la lignée du programme de Macron et en réaction aux révoltes de juin

Ces nouvelles annonces, que le Président de la République décrit comme « un effort inédit depuis la création de la gendarmerie nationale », s’inscrivent donc dans le cadre d’un renforcement massif de l’appareil répressif de l’Etat, déjà en cours depuis le premier quinquennat de Macron.

Il y a deux ans, en septembre 2021, le candidat-Président annonçait ainsi « doubler sur 10 ans » le nombre de policiers dans les rues et la mise en place d’une réserve opérationnelle de police, composée de 30.000 réservistes. Marqué par le mouvement des gilets jaunes, le Président avait également souligné vouloir renforcer l’appareil répressif pour faire face aux « phénomènes nouveaux [de] ces dernières années : black blocks, Gilets jaunes, manifestations sporadiques... ».

Des nouvelles mesures et une répression qui trouvent également leur origine dans le vote de la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI), le 22 novembre 2022, qui a alloué un budget de 15 milliards d’euros jusqu’à 2027 aux agents de la place Beauvau.

Comme le souligne l’Opinion, l’annonce de ces nouvelles mesures à destination des zones rurales, et le début de leur mise en place, vingt et un mois après les promesses du candidat Macron, ne tient pas au hasard. Les rangs de la majorité commençaient, en effet, à s’inquiéter de la lenteur de la mise en place de ces mesures répressives. « La réponse est forcément lente et complexe, mais il faut apporter des solutions dans les prochaines semaines au risque de paraître impuissant. Ne mettons pas le sujet sous le tapis », affirmait un député renaissance proche du président.

Ces annonces ne sont également pas sans lien avec les révoltes qui ont soulevé les quartiers populaires, à la suite de la mort du jeune Nahel, le 27 juin dernier, et après lesquels Macron avait promis « une réponse immense ». Obligé de mettre en œuvre un appareil répressif inédit - quatre fois plus de gendarmes et de policiers déployés qu’à l’occasion du pic de la mobilisation contre la réforme des retraites, plus de 3000 interpellés en à peine une semaine, des mineurs de treize ans en garde à vue et déférés, plusieurs centaines d’incarcérations et de condamnations lourdes - ces révoltes avaient dévoilée la profondeur de la crise de régime de la Ve république.

Ainsi, le gouvernement, et particulièrement le ministre de l’intérieur, ne manque de répondre aux appels au secours des élus de la majorité des zones périurbaines traumatisés par l’étendus des révoltes. Pour Gérald Darmanin, « on n’a pas toujours su mettre les moyens pour la sécurité, on s’est beaucoup concentré sur les villes ».

Face au renforcement de l’appareil répressif, l’urgence d’un mouvement d’ensemble

Ainsi, ces nouvelles annonces sécuritaires apparaissent clairement en réponse à l’accélération des phénomènes de lutte de classe, et également à ceux qui sont appelés à arriver. En effet, tandis que le gouvernement et Emmanuel Macron investissent largement pour financer l’appareil répressif de l’Etat, les services publics hospitaliers ou scolaires menacent de s’effondrer du fait de l’absence criante de moyens. La rentrée scolaire catastrophique et la crise des services d’urgences dans les hôpitaux qui s’approfondissent parlent d’elles-mêmes, et génèrent une colère profonde au sein de la population.

A cela, se combine le rebond de l’inflation depuis septembre qui tout en évaporant les espoirs de voir l’augmentation des prix s’atténuer, continue d’appauvrir la majorité des travailleur.euse.s et de la jeunesse. Tandis que la tolérance à l’inflation s’émiettent et que la gouvernement fébrile peine à trouver une solution, la crise sociale pourrait bien amener un nouveau mouvement de masse.

Parallèlement, à la peine à l’échelle internationale, le gouvernement est contraint d’attaquer plus fortement les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière. Les tours de visse sécuritaire et répressif visent ainsi à prévenir et décourager les futurs mouvements de contestations. Il y a urgence à construire une riposte d’ensemble articulant refus des offensives autoritaires et racistes et revendication sociales.


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