On ne parlera pas de « virage » tant la démonstration avait déjà été faite que ONPC avait bien du mal à entendre parler des ouvriers – en témoigne l’accueil réservé à Philippe Poutou, lors des présidentielles. Mais décidément, le travail médiatique auquel oeuvrent Ruquier et son équipe, ressemble à s’y méprendre à un endoctrinement patient et répétitif qui vise à resserrer encore un peu plus l’horizon et les alternatives : sans défendre la ligne de Mélenchon, qui n’est pas si extrême que Christine Angot veut le faire croire, on constate malgré tout que la télé nous rejoue l’air de « tout se vaut quand on quitte le centre ».

Mais c’est qu’il faut à la France de Macron des ennemis car, sans eux, il n’a rien qui puisse faire office de légitimité. Angot récite donc le laïus, il n’y a que des ennemis à l’extrême gauche et ceux-ci sont équivalents à l’ennemi protofasciste d’extrême droite. La logique court depuis longtemps, il s’agit de dénoncer la radicalité – réelle ou supposée – de l’extrême gauche pour la rapporter à son équivalent à l’extrême droite : mais quoi, voilà bien deux projets radicaux ! Sauf qu’avec un peu de peine et un peu de temps consacré à lire autre chose que sa propre littérature, Angot aurait peut-être pu voir qu’entre les éléments de réformisme de gauche de Mélenchon et le projet de société de Le Pen, il y a plus qu’un passage par le centre : d’un côté, le peuple, même avec cette indétermination qui ne va pas sans poser problème, mais de l’autre « les français d’abord ».

Cela prouve seulement qu’en dépit de ses amendements rhétoriques, de sa complaisance pour un certain souverainisme, de son programme de renouveau keynésien, Mélenchon parvient à gêner aux entournures la classe bourgeoise qui voudrait bien savourer son macronisme tranquillement.