Une carence de la Mairie de Paris et un repreneur soucieux de ses intérêts

Habituellement, dans le cadre des marchés passés auprès de prestataires de services comme le nettoyage ou bien d’autres, une clause prévoit qu’à l’échéance du contrat - que le prestataire retenu soit le même ou non - les salariés conserveront leur emploi dans des conditions identiques. Il ne s’agit pas seulement d’un usage mais de l’application pure et simple de l’article L.1224-1 du code du Travail.
Or ni la Mairie de Paris, ni le repreneur Smovengo n’ont voulu donner aux travailleurs ces garanties. Ils se sont contentés de se renvoyer la balle. Pourtant la demande aurait été possible à satisfaire puisqu’elle l’a été dans d’autres villes…
Une justice qui n’en est pas une…

Face à cette situation de blocage et devant l’inquiétude montante des salariés de Cyclocity, les syndicats, le CE et le CHSCT ont porté l’affaire devant la justice et organisé un rassemblement le 29 septembre devant le Tribunal de Grande Instance de Nanterre. Le TGI a estimé que « ni le CE, ni le CHSCT n’étaient compétents pour revendiquer en lieu et place des salariés le transfert de leur contrat de travail ». Il a ajouté que « l’action en revendication du transfert d’un contrat de travail est un droit exclusivement attaché à la personne du salarié ».

Décidément la justice bourgeoise est très forte pour prêter la main à ceux qui veulent isoler les salariés pour mieux les abattre. Il est vrai que le Code du Travail…. Désormais…..

Conséquence de ce jugement inique : à ce jour, aucun des 300 salariés ne sait à quelle sauce il va être mangé. « Repris ou « jeté », avec son ancienneté et ses primes ou sans…et à quelles conditions ?

Une colère trop longtemps contenue qui montre de quoi elle est capable

« On n’a plus rien à perdre ». Après des semaines d’incertitude et d’angoisse les salariés de « Vélib » sont déterminés à passer à la vitesse supérieure. L’intersyndicale CGT-SUD-CFDT a appelé à la grève illimitée dès mardi soir. Une riposte collective et organisée de ceux que l’on voulait emmener un par un à l’abattoir. Elle devrait être suivie pratiquement à 100 %. Un rapport de force sérieux quand on sait que le service « Vélib » compte 300 000 abonnés. La régulation des stations et la maintenance des vélos et des bornes d’attache ne sera plus assurée. Mercredi matin, les trois sites industriels de Cachan, Paris et Saint Denis étaient bloqués. Camions à l’arrêt, vélos en souffrance, quarante stations hors service, des salariés rassemblés devant des feux de palette, un début de démonstration de ce que peuvent faire les salariés quand on bafoue leurs droits et que l’on cherche à en faire une main d’œuvre taillable, corvéable et déplaçable à merci.
Un signal et un exemple à suivre pour les manifestants qui défileront jeudi de la République à la Nation et marcheront vers l’Elysée samedi contre la Loi Travail, Macron et leur monde. Pour les Vélibs et pour tous ceux qui sont en lutte « so-so-solidarité ».