Pas une goutte ou presque durant 24 heures. Ce 24 juin tous les syndicats CGT dans l’ensemble des entreprises du groupe TotalEnergies appelaient à une journée de grève nationale pour exiger des augmentations de salaires. A l’origine du mouvement, l’inflation et les profits monstres du groupe qui a engrangé un bénéfice net de plus de 4,6 milliards d’euros en un trimestre, sans que les salaires ne suivent.

L’appel est inédit dans un groupe qui compte plus de 200 filiales en France. Contacté par nos soins, Paul Feltman, opérateur de production sur la plateforme Total de Grandpuis-Gargenville et délégué syndical CGT Grandpuits, met en avant le « caractère historique de cette grève ». Et de poursuivre : « Nous avons mis en place une réelle coordination qui regroupe des travailleurs de différentes branches de l’automobile, du caoutchouc, de l’aéronautique ou encore de la pétrochimie autour d’un mot d’ordre commun : augmentation des salaires pour tous et toutes ».

Ce matin, la grève était suivie. Dans les raffineries de Normandie, de la Mède ou de Feyzin (Rhône) on comptait entre 60 et 70% de grévistes. Depuis 4 heures cette nuit, aucun produit raffiné n’a pu en sortir. A Flandres le taux de grève était proche de 100%. A Grandpuits, une assemblée générale se tenait à 10h. Face au risque de blocage, la direction a suspendu la plupart des exportations.

Gérées par le réseau Argedis, filiale à 100% de Total, de nombreuses stations-services du groupe garderont le rideau baissé toute la journée. Dans les usines Saft (fabrication de batterie pour le transport maritime notamment), à Bordeaux, 100% de l’équipe de nuit s’est mise en grève sur la plupart des postes. Dans une autre filiale du groupe, à Hutchinson (joints pour l’aéronautique et l’automobile), 14 sites (sur 19) étaient dans l’action.

Paul Feltman se félicite de cette journée de grève : « Plus on sera, et notamment de différents secteurs, mieux on pourra impacter la production et imposer un rapport de force. Il y avait un grand enjeu à construire quelque chose en commun avec tous les travailleurs du groupe Total. Il y aura un enjeu à poursuivre sur ce chemin, en travaillant à la solidarité en direction des salariés les plus précaires du groupe, notamment par des caisses de grèves. Pour les salaires et face à l’inflation, il faut qu’on tape du poing tous ensemble. Cette journée doit servir d’exemple à notre camp social et de point d’appui pour repartir de plus belle à Total ».