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Service public

« On manque de tout ! » : mobilisation en Sarthe pour sauver la protection de l’enfance

Manque de place, manque de personnels, burn-out : le secteur de la protection de l'enfance suffoque en Sarthe. Face aux politiques d'austérité, les salariés du secteur ont décidé de relever la tête et de défendre leur service public.

Maxime Cornette

11 octobre 2023

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« On manque de tout ! » : mobilisation en Sarthe pour sauver la protection de l'enfance

Suite au drame ayant conduit à la mort d’un jeune enfant qui était en attente de placement d’urgence le 1er juillet en Sarthe relaté par France bleu, une nouvelle mobilisation des travailleurs·euses sociaux a eu lieu jeudi 28 septembre devant le conseil départemental. En effet, le rassemblement profitait de la réception par l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) des représentants syndicaux des salariés du département pour exiger des mesures d’urgence pour les services de protection de l’enfance.

Des mineurs en danger faute de places, et des conditions de travail dégradées

Pour les mineurs dont la situation familiale est jugée dangereuse, le temps d’attente pour être placé dans une structure garantissant leur sécurité ne cesse d’augmenter faute de places. Comme le rappelle David Gavaret de la CGT INALTA, une association spécialisée du secteur en Sarthe, le nombre de mesures en attente ordonnant un placement en urgence pour des enfants jugés en danger imminent s’élevait à 80 en juillet. Cela entraîne des retards de plusieurs mois pour la mise en œuvre de mesures censées être traitées en urgence : « Le conseil départemental ne fait rien, il devrait ouvrir des places mais ça ne bouge pas ».

Cette situation entraîne des risques majeurs pour les mineurs en danger qui conduisent à des drames comme celui ayant eu lieu en juillet dernier. La situation est tellement inquiétante que même l’IGAS mène une enquête sur la gestion de la protection de l’enfance par le département de la Sarthe depuis l’été dernier. La seule perspective de réponse du département est de proposer la sortie sèche des contrats de jeunes majeurs afin de libérer des places dans les structures d’hébergement, en clair, déshabiller Pierre pour habiller Paul...

Cette situation a également des conséquences sur les travailleurs et travailleuses sociaux. L’impuissance dans laquelle ils et elles sont confrontées face à des situations sociales de plus en plus inquiétantes, l’absence de possibilité de mettre en œuvre des mesures de protection dans un temps raisonnable, impactent leur santé mentale. David détaille le sentiment des collègues dans les services : « Les collègues finissent par être très mal, on a plein de collègues en arrêt maladie ou qui quittent le secteur ».

Une problématique nationale touchant l’ensemble des secteurs du soin et de l’accompagnement

Si l’état de la protection de l’enfance est particulièrement inquiétant en Sarthe avec le risque que d’autres mineurs soient victimes de ce désengagement de l’État, cette situation est aussi commune aux autres départements. En Mayenne, Ouest France relatait la semaine dernière la fermeture d’une maison d’accueil d’urgence pour mineurs suite à l’épuisement de l’ensemble de l’équipe . On assiste à un cercle vicieux, le manque de moyens et de personnels entraine une dégradation des conditions de travail qui conduit à ce que les difficultés de recrutement des personnels s’accentuent encore davantage. Dans le même temps, l’augmentation de la pauvreté et des difficultés à vivre pour une grande part de la population engendrent des besoins plus importants auxquels les travailleurs·euses sociaux ne peuvent pas répondre.

De plus, ce n’est pas qu’un champ du travail social qui se dégrade mais l’ensemble des maillons de l’action sociale et du soin comme le rappelle David « Cette situation est bien plus globale, c’est l’ensemble de la protection sociale qui est attaquée ». « On manque de tout ! » regrette un autre salarié présent au rassemblement. La Sarthe paye en effet un lourd tribu dans la casse des services publics de santé : fermeture régulière des urgences des hôpitaux périphériques comme à Sablé ou à Montval, fermeture de lits et manque de médecins en psychiatrie, suspension des accouchements à l’hôpital du Bailleul. Dans le même temps, le privé se frotte les mains puisque le Pôle santé sud, principale clinique privée du Mans appartenant au groupe Elsan, 1er opérateur de santé privée en France, obtient l’ouverture de lits en psychiatrie avec des financements de l’ARS. Comme d’habitude, les capitalistes tirent profits du démantèlement des services publics.

Face à toutes ces problématiques, les salarié·e·s de la protection de l’enfance tentent de s’organiser à travers plusieurs assemblées générales qui ont eu lieu ces derniers mois. De ces AG sont ressorties notamment la revendication suivante : une augmentation en urgence des moyens tant en termes de structures d’accueil pour l’accompagnement et le soin qu’en termes de personnels. Le rassemblement du jeudi 28 septembre s’inscrivait comme une première réponse dans la rue face à la politique du département de la Sarthe, de nouvelles perspectives de mobilisation vont avoir lieu dans les prochaines semaines.


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