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Paris 1. L’extrême-droite fait sa rentrée en surfant sur la politique raciste du gouvernement

Depuis une semaine, l’extrême droite étudiante tente de faire sa rentré sur les campus de Paris 1. Boostées par la politique réactionnaire du gouvernement concernant les abayas, La Cocarde et l’UNI espèrent se refaire une santé après une année de mobilisations qui a fait reculer leur présence à l’université.

Le Poing Levé Paris 1


et Louise Bravo

13 septembre 2023

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Paris 1. L'extrême-droite fait sa rentrée en surfant sur la politique raciste du gouvernement

Crédits photo : O Phil Des Contrastes

Tracts sur la « valeur du diplôme », soutien à la cagnotte du policier ayant tué Nahel, discours de haine envers les personnes LGBT...., depuis une semaine, l’extrême droite étudiante tente de faire sa rentrée sur les campus de Paris 1. Boostées par la politique réactionnaire du gouvernement concernant les abayas, La Cocarde et l’UNI espèrent se refaire une santé après une année de mobilisations qui a fait reculer leur présence à l’université. En réaction, Le Poing Levé mène campagne pour une université ouverte à toustes… donc débarrassée de l’extrême droite !

UNI et Cocarde tentent une rentrée remarquée sur les campus de Paris 1

Les pré-rentrées universitaires de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ont vu défiler depuis le 4 septembre les nombreuses associations et organisations étudiantes venues se présenter et recruter. Fait remarqué : la présence de l’UNI, organisation étudiante d’extrême droite dans la fosse de Tolbiac et de la Cocarde aux abords de l’université. 30 minutes de tractage devant les portes de Tolbiac pour la Cocarde, tenue de tables dans la fosse pour l’UNI, présence à Cassin et Lourcine, l’extrême droite étudiante tâte le terrain dans une université dont la tradition de gauche et de luttes sociales les a longtemps tenus éloignés. Ils interpellent les étudiants et tentent de leur distribuer des tracts dénonçant le “wokisme” ou “l’islamo-gauchisme”, les habituels fantasmes réactionnaires de l’extrême droite. En effet, plusieurs mois de lutte des classes, de grèves et de manifestations massives auront relégué l’extrême droite à la marge du mouvement social.

Rappelons que l’UNI a été fondée en 1969 en réaction à l’énorme mouvement qui avait secoué les universités en mai 68. Son objectif : casser les grèves dans les usines et les blocages étudiants, s’opposer violemment aux Assemblée Générales et rassemblements organisés par les étudiants. À sa fondation, l’UNI entend « regrouper tous ceux qui entendent soustraire l’éducation nationale à l’emprise communiste et gauchiste », une perspective qui aujourd’hui se traduit par leurs campagnes reprenant les éléments de langage du gouvernement sur “l’islamo-gauchisme” et le “wokisme” comme “dangers” des universités françaises. Le mouvement contre la réforme des retraites, dans les grèves et manifestations, comme dans le mouvement étudiant, l’unification des secteurs opprimés et exploités contre le gouvernement à fait reculer les secteurs les plus réactionnaires comme le RN ou le mouvement zemmouriste Reconquête.

C’est le cas également à Paris 1 de l’UNI et de la Cocarde, après des élections étudiantes qui traduisaient une polarisation croissante du paysage politique dans les universités : malgré un score plus faible que ceux des organisations de gauche, l’UNI et la Cocarde avait obtenus chacun un siège à la CFVU (et un siège au Conseil d’Administration pour l’UNI). Absents de la mobilisation à Paris 1 ces deux organisations d’extrême droite tentent de reprendre du terrain en cette rentrée marquée par les offensives réactionnaires et sécuritaires du gouvernement. Ces organisations d’extrême droite à la fac ont notamment relayé la cagnotte du policier de Nanterre ayant tué Nahel, ou réclament plus de fermeté pour condamner les révoltés des quartiers populaires tout en applaudissant l’interdiction de l’abaya.

L’extrême droite étudiante ou les relais de la politique des Zemmour, Le Pen… et Macron

Mais la présence de l’UNI à Tolbiac n’est pas un fait étonnant si l’on considère la droitisation opérée ces dernières années par le gouvernement, à la fac comme dans le pays tout entier. Alors que Macron prend régulièrement pour cible les musulmans et les personnes racisées ou LGBTI avec toujours plus de politiques racistes et sécuritaires, son gouvernement mène des offensives idéologiques réactionnaires à l’université, à l’image de la lutte contre le “wokisme” et “l’islamo-gauchisme”. Le nouveau ministre de l’Éducation Nationale, Gabriel Attal a annoncé l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires pour la rentrée, visant en premier lieu les jeunes filles musulmanes et racisées. C’est sur ce terreau fertile que l’UNI appuie ses campagnes.

Proches de partis comme Les Républicains, où ils ont plusieurs élus, à l’image d’Anne Laure Blin, ancienne déléguée nationale de l’UNI et maintenant député LR du Maine-et-Loire, du Rassemblement National, avec Pierre Meurin, élu à l’université de Versailles St-Quentin-en-Yvelines pour l’UNI et député RN depuis 2022, ou encore Pierre-Romain Thionnet ancien Secrétaire général de La Cocarde, devenu directeur national de la jeunesse du RN, ou enfin du mouvement Reconquête : leur délégué national Jacques Smith affirmait lors des élections présidentielles de 2022 que « l’immense majorité » de l’UNI militait au sein de Génération Z. Les militants se font les relais de leurs politiques sur les facs se présentant comme “le syndicat du camp national”. Cet été, pendant que l’UNI revendiquait sa présence à l’université d’été de Reconquête et crachait son venin sur les victimes de violences policières, la Cocarde s’affichait sur son site internet avec Marion Maréchal et criait au “danger islamiste” sur leurs réseaux sociaux.

Extrême droite hors de nos facs

En cette rentrée, Le Poing Levé a ainsi tenu des tables à Tolbiac, mais également au centre Saint-Charles (études d’art et de cinéma) et Lourcine (filières principalement de droit et sciences politiques) où de nombreux étudiants se sont approché et ont pu venir discuter de la perspective d’un militantisme marxiste et révolutionnaire dans nos facs, en lutte contre les oppressions qui traversent notre société. Lors de nos interventions dans les différents amphithéâtres, les militants ont insisté sur l’importance de combattre l’extrême droite et ses idées racistes, sexistes, LGBTphobes et réactionnaires à l’université comme en dehors, appuyé par un tract diffusé à la sortie qui dénonçait la banalisation notamment de l’UNI comme organisation d’extrême droite sur la fac.

Cette lutte contre les idées réactionnaire à la fac ne pourra se faire qu’en totale indépendance de l’administration et de la présidence qui ont pour elles une complaisance certaine. L’an dernier nous l’avions fait en lien avec des organisation antifascistes, alors que l’extrême droite menaçait d’attaquer le meeting de campagne d’Anasse Kazib, organisé par le Poing Levé à la Sorbonne pendant la campagne présidentielle de 2022. Car l’UNI peut également compter sur la bienveillance de la présidence qui, en mars dernier menaçait les étudiants de Saint Charles d’un déblocage du campus par les groupes d’extrême droite ou qui renvoyait dos à dos dans un communiqué, les étudiants mobilisés et le groupuscule néo-nazi nommé “Waffen Assas” qui avait attaqué au couteau et barres de fer des étudiants qui bloquaient le campus de Cassin, faisant un blessé grave.

Nous refusons cette banalisation de l’idéologie racistes et réactionnaire de l’extrême droite par l’université sous prétexte d’un “pluralisme d’idées”. C’est en ce sens que nous avions dénoncé [les propos transphobes et homophobes tenu devant ses étudiants en 2020 par Aram Mardirossian, enseignant de droit à Paris 1. L’extrême droite n’a pas sa place dans nos facs ! Il faut faire front ensemble, étudiants, personnels, travailleurs, pour faire reculer toutes les politiques réactionnaires dans et hors des universités qui font le lit de l’extrême droite. Au Poing Levé nous exigeons l’abrogation de toutes les lois racistes et des réformes de sélections à la fac, nous défendons une université publique et gratuite, nous nous battons contre l’interdiction de l’abaya dans les lycées et pour l’amnistie de tous les révoltés des quartiers populaire.


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