Des dizaines de véhicules de police sur les Champs-Élysées, au pas, tous gyrophares allumés. Hier soir, lundi 17 octobre, vers 23 heures, ils étaient plus de 500 à manifester via les réseaux sociaux, sans les syndicats. Dix jours après l’attaque de Viry-Châtillon, des agents de tout type de brigades et de services sont arrivés dans un cortège de voitures, déterminés à bloquer l’artère pour faire entendre leurs « revendications », à savoir plus de moyens et d’impunité policière. Parmi les manifestants, certains étaient en service et arboraient leur uniforme.

L’appel à manifester a été communiqué par SMS, et relayé entre agents. Dans le texte était notamment écrit qu’il s’agissait pour les forces de l’ordre de réagir de « façon solidaire », l’actualité leur rappelant « une fois de plus » qu’ils sont des « cibles ». Un appel relayé sur les réseaux sociaux. Ils y dénoncent « une hiérarchie carriériste, des élites syndicales enlisées dans leurs conflits et une justice complètement désintéressée par (leur) sort ». Le lieu de rendez-vous, 23h30 depuis l’entrée de l’hôpital Saint-Louis, où est toujours interné le policier brulé après l’attaque à Viry-Châtillon.

Le directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, a lui jugé "inacceptable" et "contraire à leurs obligations" la manifestation nocturne des policiers sur les Champs-Elysées. En l’occurrence, le Direction générale de la police nationale (DGPN) n’est à aucun moment offusqué de la non déclaration préalable pourtant nécessaire à toute manifestation. Le problème serait dû au fait que certains manifestants étaient en service et portaient leur uniforme. Déserter le corps de la police ne serait-ce que pour quelques heures, c’est désobéir à l’Etat auquel il est lié structurellement.

Interdite, réprimé, gazé, nombre de manifestants gardent en souvenir ces manifestations que le gouvernement a interdit. Applaudit par la droite et l’extrême droite, la manif’ sauvage de policier sur les Champs-Élysées est soutenue par le gouvernement. Après la manifestation sauvage, le premier ministre twittait « Seine-Saint-Denis et Val-d’Oise : l’État poursuivra sans relâche ceux qui s’en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l’ordre. » Une façon implicite d’affirmer que l’Etat ne les lâchera pas. Certains policiers y verront une brèche dans laquelle s’engouffrer.

Un deux poids deux mesures toujours plus ouvertement affiché, le gouvernement solidaire de son bras armé. On en attendait pas moins de lui.