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Crise climatique

Point de bascule ? Le record de température mondiale dépassé deux jours de suite

Lundi et mardi, le record de la température moyenne mondiale a été largement dépassé deux fois de suite. Un record planétaire en lien avec de nombreux phénomènes climatiques extrêmes en cours aux quatre coins du globe, qui impactent durement les populations et laissent planer le doute sur le potentiel franchissement d’un « point de bascule ».

James Draoust

6 juillet 2023

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Point de bascule ? Le record de température mondiale dépassé deux jours de suite

Crédits photo : fosco lucarelli

Edit du 7 juillet : vendredi, les données collectées par Climate Reanalyzer montraient que les températures mondiales avaient continué à battre leurs records absolus mercredi et jeudi. Ce sont donc 4 records absolus brisés consécutivement, avec une température moyenne record de 17,23°C atteinte sur le globe jeudi.

Jamais depuis le début des mesures la température mondiale moyenne n’avait été aussi élevée. Elle a battu ce lundi un record absolu ... qui a de nouveau été brisé mardi. La moyenne des températures de surface a ainsi atteint 17,01°C ce lundi avant de monter à 17,18°C mardi. Deux dépassements très larges des records précédents, qui s’élevaient à 16,92°C, relevés en août 2015 et en juillet 2022. Mardi, la température mondiale moyenne était ainsi supérieure de près de 1°C à la moyenne mesurée pour le même jour sur la période 1979-2020. Ces records sont d’autant plus inquiétant qu’ils surviennent tôt dans la saison, les températures mondiales moyennes les plus élevées étant habituellement atteintes en juillet et août. Ils pourraient dès lors être dépassés de nouveau dans le courant de l’été. Une conséquence particulièrement brutale du changement climatique et du retour cette année du phénomène climatique El Nino.

Ces records surviennent après un mois de juin aux températures historiquement élevées, marqué par un pic de température et des vagues de chaleur terribles pour de nombreuses populations. Dans le même temps, une multitude de phénomènes climatiques très inquiétants sont en cours. Ainsi, si les températures terrestres sont élevées, les océans également sont touchés par des vagues de chaleurs océaniques. USA Today relève ainsi que ce sont 40% des océans qui sont actuellement concernés par cette situation, une première également depuis le début des mesures satellites en 1991. Ces phénomènes ont un impact dévastateur sur la biodiversité océanique, mais pourraient également favoriser l’apparition de plus de cyclones et tempêtes. Le niveau des banquises est également au plus bas. De plus, des températures au-dessus de 0 ont été atteinte sur tous les contours de l’Antarctique.

Lire aussi : Pic de la température mondiale : un avant-goût de la catastrophe promise par le patronat et les États

Si le retour cette année du phénomène climatique El Nino, qui entraîne le réchauffement de l’air et des eaux du Pacifique permet d’expliquer en partie les phénomènes à l’œuvre, leur ampleur et leur simultanéité a relancé les débats scientifiques sur le possible franchissement d’un « point de bascule » dans le changement climatique. Comme l’explique le GIEC, les « points de bascule » « font référence à des seuils critiques dans un système qui, quand dépassés, peuvent mener à des changements significatifs dans l’état du système, souvent avec une notion d’un changement irréversible. » Auprès de Inside Climate News, le climatologue Tim Lenton de l’université de Lexter confie ainsi : « ces extrêmes extraordinaires pourraient être une alerte précoce de points de ruptures vers des régimes de conditions météorologiques, d’étendues de banquise ou d’incendies différents. », « nous désignons de « vacillant » un système complexe qui commence à brièvement pénétrer dans un nouveau régime avant de basculer dedans. Espérons que je me trompe sur ce point ».

Amérique Centrale, Asie du Sud, Moyen-Orient : des régions particulièrement touchées par les phénomènes extrêmes causés par le réchauffement climatique

Cette situation a de lourds impacts pour les populations à travers le globe. Alors que les méga-feux du Canada se poursuivent en Amérique du Nord, le sud des Etats-Unis et le Mexique sont en proie à une vague de chaleur record qui pourraient se poursuivre ce début de mois de juillet. Ainsi, entre le 12 juin et le 25 juin, une vague de chaleur extrême a fait plus de 104 morts dans le nord du Mexique des causes de déshydratation et coups de chaud avec un record de température de 49°C dans l’état du Sonora au nord-ouest du Mexique, au lieu des 35-40°C attendue pendant cette période. Une vague qui s’est étendue dans plusieurs états des Etats-Unis du nord de la Floride au Nouveau Mexique, avec des températures dépassant les 40°C. Mais surtout au Texas où au moins 13 décès en lien avec la chaleur ont été relevés, ce qui n’a pas empêché le gouverneur de faire voter en pleine canicule l’abolition d’une loi qui garantissait aux travailleurs de la construction une pause de 10 minutes toutes les 4 heures pour boire.

Par ailleurs, en Asie du Sud Est, la situation a été tout aussi dramatique avec des fortes chaleurs et des taux d’humidité très importants. Une combinaison léthale qui empêche notamment la température du corps de s’auto-réguler. Au nord de l’Inde, les températures sont montées jusqu’à 47°C avec au moins 44 morts des suites de complications médicales à cause de la chaleur. En effet, le Dr Chandni Singh, chercheuse au Indian Institute for Human Settlements a indiqué à CNN que le chiffre était largement sous-estimé, notamment à cause des problèmes des services de santé : « Lorsque tes systèmes de santé ne fonctionne pas, lorsque tu n’as pas de service d’urgences adaptés, cela va forcément entraîner plus de morts.[...] Mais ce qu’on est sûr, c’est qu’on va approcher aux limites de survivabilité d’ici le milieu du siècle ».

La Chine, le Bangladesh, le nord du Vietnam ont connu des situations similaires avec des températures au-dessus des 35°C. Pendant une dizaine de jours à Pékin, il a fait plus de 35°C avant que la Chine connaisse des pluies torrentielles dans la région centrale de Hunan, forçant l’évacuation de plus de 10 000 personnes, entre 35 et 38°C au Vietnam pendant 6 jours.

Alors que le réchauffement climatique s’intensifie, frappe durement les populations à l’échelle mondiale et en première ligne celle des pays sous domination, et que les scientifiques se demandent si un seuil irréversible ne serait pas en train d’être dépassé, tandis que les émissions de CO2 continuent de grimper, il est urgent d’empêcher d’advenir le futur de misère et de souffrance que nous réservent le patronat et les gouvernement aux manettes de la crise. Une perspective envisageable qu’à condition de mettre fin à un système capitaliste fondamentalement écocide, en indépendance de ceux qui tentent de le faire perdurer, des Etats aux entreprises qu’ils soutiennent.


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