« Le ciel m’est tombé sur la tête » assure ce salarié de 34 ans, ingénieur prestataire dans une usine Renault. Et il y a de quoi ! Il vient d’être mis à pied de manière conservatoire après avoir diffusé un mail vantant les mérites du film Merci patron ! auprès des syndicats et les invitant à participer à ce qu’est devenue la Nuit debout.

Le mail en question, daté du 15 mars, a été pourtant envoyé depuis chez lui avec sa messagerie et son ordinateur portable privés et en dehors des horaires de travail. Dans son mail, l’ingénieur propose à la CFDT, la CGT, FO, Sud et CFE-CGC d’organiser des projections du film au sein de l’entreprise. En effet, il croit que le très populaire film satirique qui met en scène un couple de chômeurs ridiculisant la première fortune de France, Bernard Arnault, permettrait de « redonner l’espoir que la lutte est utile ». Il pense notamment que de telles projections seraient un levier pour construire la grève du 31 mars contre la loi travail dans l’usine et l’occupation des places à suivre.

Mais, rapidement, il est pris en étau. L’un des destinataires du mail l’aurait dénoncé auprès de sa hiérarchie. Il reçoit aussitôt une convocation à un entretien avec le PDG d’EuroDécision, son employeur, dont Renaud est le plus grand client. « Le personnel de Renault surveille les mails » entend-t-on dire ce PDG dans un enregistrement de l’entretien qui a duré près de 40 minutes. « Et les mails de qui, en priorité, à ton avis ? Bah des syndicalistes. […] T’es pas censé en tant qu’intervenant de chez Renault discuter avec les syndicats de Renault. Ils sont là pour les salariés de Renault » poursuit-il.

Quelques jours plus tard, cet ingénieur reçoit un courrier de sanction et apprend sa mise à pied de manière conservatoire. Il risque actuellement de se faire licencier avec pour seule « faute grave » l’exercice de ses libertés fondamentales, et notamment syndicales.