Le 20 octobre dernier à 6h du matin, Jean-Paul Delescaut, secrétaire de l’Union Départementale CGT Nord se faisait lever chez lui par des policiers encagoulés et était placé en garde-à-vue. Son crime ? La publication d’un communiqué de soutien au peuple palestinien qui replaçait l’attaque du 7 octobre dans le contexte de 75 ans de colonisation israélienne. L’Etat français, soutien et armateur du génocide à Gaza, y avait vu de « l’apologie du terrorisme ».

C’est à ce titre que le syndicaliste était convoqué ce jeudi 28 mars devant le tribunal correction de Lille. La procureure a requis contre lui un an de prison avec sursis ! L’association Jeunesse France juive qui a porté plainte contre le secrétaire de l’Union Départementale Nord le poursuit également pour « provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminées ».

Face à cette répression sans précédent contre un responsable syndical, les marques de solidarité ont été nombreuses. Plusieurs centaines de personnes, dont une majorité de syndicalistes, se sont rassemblées devant le tribunal de Lille. Des représentants syndicaux et politiques avaient fait le déplacement à l’image de Jean-Luc Mélenchon pour La France Insoumise, Sophie Binet pour la CGT, Olivier Mateu de l’Union Départementale des Bouches-du-Rhône, Jean-Pierre Mercier de Lutte Ouvrière ou Michèle Sibony de l’Union Juive Française pour la Paix.

« Nous sommes tous Jean-Paul » ont scandé les manifestants. Et pour cause, depuis ces 6 derniers mois, l’Etat a poursuivi à tout va des militants et des organisations pour « apologie du terrorisme » pour le simple fait de ne pas rester silencieux face à ce qu’il se passait à Gaza. Les campagnes médiatiques, les poursuites judiciaires et derrière elles des mesures d’intimidation, de publication des adresses et des numéros de téléphone sur les réseaux sociaux, ont été le lot des militants et des figures publiques qui ont pris position contre le colonialisme. Sans oublier les centaines d’anonymes qui ont été perquisitionnés et condamnés parfois pour des publications Instagram !

Le procès de Jean-Paul Delescaut est donc le procès de tout le mouvement de soutien à la Palestine, le procès de tous les opposants au colonialisme, mais aussi le procès de la liberté syndicale. Un procès qui intervient en effet dans un contexte d’acharnement anti-syndical par le patronat et sa justice, le nombre de syndicalistes trainés devant les tribunaux explosant depuis la réforme des retraites. C’est pourquoi la solidarité avec Jean-Paul Delescaut doit être totale pour exiger l’abandon de toutes les poursuites qui pèsent sur lui ! Comme il l’assurait dès sa sortie de garde-à-vue en octobre : « On ne nous fera pas taire ! »