Le bilan est lourd. Au soir de l’envahissement du port de Calais, 24 migrants et 11 militants ont été emmenés dans les locaux de la Police de l’air et des frontières (PAF), sans compter la violence qui s’est abattue sur eux au moment de l’envahissement. Trois manifestants italiens ont été enfermés en centre de rétention et sont sous le coup d’une OQTF. Enfin, parmi les quinze personnes placées en garde à vue, huit personnes, six migrants et deux militants, devaient passer ce lundi en comparution immédiate, risquant jusqu’à 6 mois de prison et 3750 euros d’amende. Leur procès a finalement été reporté au 22 février dans l’après-midi.

Cette lourde répression s’est accompagnée d’une surenchère sécuritaire dans les médias. Xavier Bertrand, président de la région Picardie- Nord-Pas-de-Calais, a ainsi déclaré que la présence de l’armée devenait indispensable. François Hollande s’est engagé à augmenter les effectifs policiers et à sécuriser davantage les ouvrages, après la récente inondation par Eurotunnel des terrains pour empêcher l’accès aux migrants. Surtout, cette affaire est un bon prétexte pour le gouvernement pour achever son projet de mise en place de conteneurs pour l’installation des migrants, en lieu et place du bidonville de « La Jungle » de Calais. Sous prétexte d’améliorer les conditions de vie de migrants, le gouvernement cherche à les contrôler davantage, et réduire leur nombre, estimé à 4000 ou 5000 aujourd’hui, à moins de 1500.

Ces annonces marquent la volonté du gouvernement Hollande de continuer sa politique réactionnaire et sécuritaire de gestion des migrants. Et d’en assumer le bilan : des milliers de migrants qui continuent de s’échouer sur les rives de l’Europe-forteresse chaque année, de s’entasser dans des bidonvilles régulièrement chassés par la police, de ne plus oser en sortir au vu de l’impunité des groupes d’extrême-droite et de la police qui les menacent et les brutalisent.

La justice, si elle condamne les migrants prêts à risquer leur vie pour un avenir un peu meilleur, sera surement beaucoup plus clémente avec le militant d’extrême-droite, proche des mouvements néo-nazis, qui a braqué avec un fusil (identifié depuis comme une arme d’airsoft) des migrants durant la manifestation de samedi dernier à Calais et filmé par les caméras du monde entier :

Face à la violence de l’Etat, de sa justice, de sa police et des milices d’extrême-droite, nous sommes incontestablement du côté des migrants, poussés sur les routes du désespoir par les bombes impérialistes, notamment celles de l’armée française. Liberté de circulation ! Libération immédiate et retrait de toutes les charges contre les manifestants arrêtés ! Aucune impunité pour les violences de l’extrême-droite et de la police !