Dans la continuité du cap franchi par le gouvernement dans la répression de tout soutien à la Palestine, Rima Hassan, militante franco-palestinienne et candidate LFI aux européennes, a reçu ce vendredi une convocation par la police judiciaire « afin d’être entendue librement sur des faits d’apologie publique d’un acte de terrorisme, commise au moyen d’un service de communication au public en ligne ». Comme l’explique Le Monde, les faits dont elle est accusée seraient « survenus, selon la police, entre le 5 novembre et le 1er décembre 2023, soit avant qu’elle ne soit candidate sur la liste de LFI ».

A quelques heures de l’annulation d’une conférence de LFI par l’Université de Lille puis par la préfecture du Nord sous prétexte de la tension de la situation internationale, cette convocation illustre le nouveau pas franchi, ces dernières semaines, par l’État dans la criminalisation de tout soutien à la Palestine. La convocation d’une des figures propalestiniennes les plus connues et médiatisées de la période n’a rien d’anodin. En cette période d’élections européennes, elle est le signe de la volonté du pouvoir de censurer celles et ceux qui portent une autre voie que celle du gouvernement, et des soutiens au génocide d’Israël.

Rima Hassan avait déjà subi une campagne d’intimidation et de harcèlement de la part de l’extrême-droite et de la macronie, lors de l’annonce de sa campagne aux côtés de La France Insoumise pour les élections européennes. Le chef des députés Renaissance, Sylvain Maillard, avait par exemple estimé le 8 mars dernier que la présence de Rima Hassan sur la liste LFI était une « honte absolue » qui visait à toucher « l’électorat antisémite ». Ces attaques le mois dernier visaient déjà à criminaliser toute politique débordant le cadre du discours du gouvernement, et de renvoyer sans cesse le soutien à la Palestine à un soutien au terrorisme.

Comme le rappelle le communiqué de LFI suite à l’annonce de la convocation de Rima Hassan par la justice, « Il n’y a rien dans les propos de Rima Hassan qui justifient une telle convocation pleine d’insinuations calomnieuses (…) Nous affirmons solennellement que rien, ni personne, ne nous empêchera de continuer à porter une parole de paix vis-à-vis des actions intolérables du gouvernement Netanyahu à Gaza ».

Cette condamnation s’inscrit dans la continuité des dizaines de poursuites pénales engagées contre des militants ces dernières semaines. Jean-Paul Delescaut, secrétaire de l’UD CGT du Nord, a été condamné ce jeudi à un an de prison avec sursis pour apologie du terrorisme pour un communiqué. D’autres figures, comme des militants de Solidaires Etudiant·es EHESS ou encore Anasse Kazib, porte-parole de Révolution Permanente, ont également été convoqués pour « apologie du terrorisme » par la justice pour leur soutien à la Palestine.

Dans ce contexte de répression et de criminalisation massives de tout soutien à la Palestine, il faut opposer un front politique et syndical commun et ferme. Loin de toute logique électoraliste, c’est bien sur le terrain de la mobilisation par en bas que l’on pourra construire un rapport de force à même de mettre un frein à l’important arsenal répressif et anti-démocratique déployé par l’État ces derniers mois. Comme Anasse Kazib l’affirmait sur Le Média hier, « Je suis prêt à discuter avec Mélenchon, Poutou, Besancenot, Arthaud etc… Il est temps que nous fassions front ensemble face à l’autoritarisme et la répression ».