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Contrôle, flicage, surveillance et puis…

Tous dangereux, tous vigilants. Vraiment ?

L’Etat d’urgence, qui dure depuis plus d’un an maintenant, avec les effets que l’on sait sur le rôle de la police et les perquisitions administratives qui en découlent, a deux fonctions avouées : nous installer dans une menace permanente, dont l’Etat apparaîtrait comme le rempart, et nous inviter à la vigilance à l’endroit de ceux et de celles qui sont désigné/e/s comme dangereux/ses.

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Philippe Müller

Mais finalement, l’extension que prend l’Etat d’urgence depuis 2016 fait apparaître la fonction réelle de ce dispositif juridique : avec les assignations à résidence de militants écologistes, lors de la COP 21, avec la répression des manifs contre la loi travail, et même l’interdiction de manifester qui s’est autorisée de l’Etat d’urgence, la véritable fonction est bien la répression tous azimuts de toute contestation sociale. Or, lorsque l’Etat montre du doigt le danger, le sage regarde le doigt...

Car, en attendant, la police, elle, a le doigt sur la gâchette : l’assassinat d’Adama Traoré, l’été dernier, n’est que le dernier en date de ses crimes. Et les suites judiciaires de la révolte légitime des proches d’Adama et des manifestants qui ont voulu faire cesser ces crimes invisibles dit assez bien la transformation du peu d’Etat de droit qui restait en Etat policier discrétionnaire. Les deux frères viennent d’être condamnés « pour rétablir l’autorité des forces de l’ordre » : autrement dit, voilà deux condamnations « pour l’exemple » ! Le danger est bien du côté de la police et de son impunité.

Mais c’est ailleurs que serait le danger, nous dit-on : du côté des exilé/e/s, du côté des musulman/e/s, du côté des autonomes, des militants écolos, des manifestants... La liste est longue, on finit par comprendre qu’elle ne s’arrêtera plus. C’est que l’Etat lui-même, l’Etat de la domination bourgeoise qui s’était construit sur le consensus mou entre capital et travail, commence à trouver un peu trop contraignante la demande sociale dont il est encore l’objet. On ne peut pas payer le MEDEF et les gens qui bossent en même temps...

Les grands discours et les actes qui les suivent, qui sont destinés à construire le danger, sont aussi le moyen de dissimuler que c’est l’Etat lui-même, les intérêts de classe qu’il défend, qui sont devenus la première forme de danger : l’insécurité sociale dans laquelle on s’enfonce, la précarité qui se développe sous le joli nom de flexibilité, le racisme d’Etat. « Attentifs/ves ensemble » : non seulement l’Etat menace nos libertés à travers l’instauration de l’Etat d’urgence, mais il nous installe dans le péril quotidien de conditions de travail dégradées, de misère sociale.

Il faut dénoncer l’Etat d’urgence sans relâche, mais il faut aussi dénoncer le principe même de cet Etat bourgeois, qui prend les décisions de la classe dominante, leur donne le nom de loi et les fait exécuter. Si nous sommes devenu/e/s tous et toutes dangereux/ses, c’est parce que l’Etat désormais revendique complètement son rôle d’adversaire social.


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