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Génocide

Un ministre israélien confirme qu’une nouvelle « Nakba » est en cours

C’était un secret bien mal gardé, mais désormais confirmé par le ministre Avi Dichter, membre du Likoud de Netanyahu : l’armée israélienne compte bien faire une nouvelle « Nakba », un exode forcé de la population palestinienne, 75 ans après la première.

14 novembre 2023

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Un ministre israélien confirme qu'une nouvelle « Nakba » est en cours

La Nakba (catastrophe en arabe) est le nom donné au déplacement forcé, ponctué de toutes sortes de crimes, de la population palestinienne d’origine lors de la création de l’État d’Israël en 1948. Des millions de Palestiniens ont fui leurs maisons, qui ont été brûlées ou rasées. Certains se sont retrouvés dans des camps de réfugiés en Jordanie ou au Liban, et d’autres dans les territoires palestiniens eux-mêmes, en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, ou bien dans la bande de Gaza, comme c’est le cas du camp de réfugiés de Jabalia, qui a été brutalement bombardé par Israël la semaine dernière.

L’idée d’une nouvelle Nakba, c’est-à-dire de forcer le déplacement de millions de Palestiniens pour les expulser directement de Gaza, est un secret de polichinelle, évoqué dans des documents du renseignement israélien et confirmée samedi dernier par un ministre du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahu.

Selon le quotidien israélien Haaretz, « le membre du cabinet de sécurité israélien et ministre de l’Agriculture Avi Dichter (Likoud) a été interrogé samedi dans une interview à la presse le pour savoir si les images des habitants du nord de la bande de Gaza évacués vers le sud sur ordre de Tsahal (l’armée israélienne) étaient comparables aux images de la Nakba. Il a répondu : "Nous sommes en train de déployer la Nakba à Gaza. D’un point de vue opérationnel, il est impossible de mener une guerre - comme les Forces de Défense Israéliennes (FDI) essaient de le faire à Gaza - avec des gens entre les chars et les soldats"

Interrogé à nouveau pour savoir s’il s’agissait d’une "Nakba à Gaza", M. Dichter, en tant que membre du cabinet de sécurité et ancien chef du Shin Bet (service de renseignement intérieur), a déclaré : "Une Nakba à Gaza en 2023. C’est ainsi que cela se terminera. »

Au-delà des tactiques et stratégies militaires spécifiques discutées sur l’avenir de la bande de Gaza, où Netanyahou dit exclure une occupation et une colonisation totales de l’ensemble du territoire, les opérations actuelles visent à l’expulsion systématique de la population. Le gouvernement israélien a déjà déclaré qu’il n’abandonnerait le contrôle de la sécurité sur Gaza « en aucune circonstance ». Cela implique une militarisation et un contrôle permanent par le biais de différents mécanismes, et avant tout l’instauration de la terreur au sein de la population.

Si Israël utilise déjà la punition collective comme politique de terreur systématique contre les Palestiniens, une nouvelle Nakba serait le point culminant de cette action criminelle. Elle serait la confirmation palpable de ce que l’historien israélien Ilan Pappé et d’autres intellectuels et organisations internationales ont d’abord défini comme le « nettoyage ethnique » de la population palestinienne par Israël, puis, au fil des ans, comme un « génocide progressif ».

C’est aussi la confirmation la plus tangible des dénonciations actuelles d’organisations comme Amnesty International, Human Rights Watch et même l’ONU, qui pointent les crimes de guerre d’Israël et la situation d’apartheid à l’encontre des Palestiniens, dénoncent les colonies dans les territoires occupés et commencent à parler de risque de « génocide ».

La Nakba confirmée samedi par le ministre Avi Dichter ne serait que la réalisation effective de cette expulsion. Une répétition de la catastrophe de 1948, 75 ans plus tard. Avec des méthodes similaires à la première, les Palestiniens sont priés de quitter leurs maisons et de fuir, pour être ensuite attaqués, bombardés et tués. Il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza, comme le dénoncent les organisations internationales, et ceux qui fuient vers le sud risquent d’être tués en chemin.

Le monde assiste à un génocide et aux crimes les plus aberrants de la part de l’État d’Israël, soutenu par les principales puissances impérialistes qui lui apportent leur soutien économique, militaire et politique, bien que celui-ci crée des tensions sur la scène intérieure comme on le voit déjà aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France.

Des mobilisations de masse allant de dizaines ou de centaines de milliers à des millions se succèdent en soutien et en solidarité avec le peuple palestinien. Ces derniers jours, 800.000 personnes ont déferlé dans les rues de Londres, des journées d’action ont eu lieu dans les grandes villes des États-Unis et en France. Les manifestants qui dénoncent un génocide et demandent l’arrêt des bombardements s’en prennent à Biden (rebaptisé Genocide Joe), à Macron (qui est passé de l’interdiction des manifestations à l’appel tiède à un cessez-le-feu) tandis qu’au Royaume-Uni, où l’ampleur du mouvement est un défi lancé à la fois à l’opposition travailliste (dont la direction refuse de remettre Israël en question et accuse quiconque le fait d’antisémitisme) et le gouvernement conservateur de Sunak.

Les actions commencent à avoir un effet. Il est nécessaire d’étendre et de multiplier les mobilisations de solidarité dans le monde entier pour arrêter le massacre et le génocide d’Israël et soutenir la cause du peuple palestinien.


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