Deux jours après que le Premier ministre ait déclaré porter plainte contre la lycéenne de Maurice Ravel, il fallait bien que la ministre de l’Education apporte sa propre réponse à l’affaire. Ce vendredi 29 mars, alors qu’elle était en déplacement à Bordeaux, Nicole Belloubet a annoncé la création d’une « force mobile scolaire ».

Composée d’une « vingtaine d’agents de l’éducation nationale », celle-ci pourra dès la rentrée 2024 être « projetée dans les établissements qui connaitraient des difficultés » afin d’apporter « sécurité », « apaisement » et « pédagogie ». En outre, l’Etat portera « systématiquement partie civile lorsqu’une plainte sera déposée » a-t-elle déclaré.

Après les EMS (Equipes Mobiles de Sécurité) et les équipes « Valeurs de la République », qui seront ces « agents de l’éducation » ? Pour le moment pas moyen de le savoir et les contours de cette nouvelle brigade sont pour le moins encore flous. Mais la mission qui lui sera confié semble en dire déjà trop long sur ses objectifs : continuer de séparer élèves et personnels de l’éducation en faisant des premiers de potentiels agresseurs, tout en renforçant la supervision des personnels par des envoyés de l’administration. Alors que certains établissements s’étaient mobilisés en début d’année pour dénoncer les mesures islamophobes du gouvernement à l’école, cette nouvelle brigade pourrait en effet également servir à contrôler leur bonne application.

Cette nouvelle annonce sécuritaire s’inscrit dans la continuité de la politique menée par le gouvernement depuis la rentrée. Déjà, après la mort de Dominique Bernard, le gouvernement avait surfé sur le choc de la communauté éducative en annonçant la mise en place d’un plan Vigipirate « Urgence alerte Attentat », mobilisant plus de 7 000 militaires et 10 000 policiers autours des écoles, des lieux de cultes et de cultures.

Bref, le gouvernement agite l’hydre islamique et le chiffon de l’école en danger pour renforcer la stigmatisation des élèves, et en particulier les élèves musulmans ou assimilés comme tels, et ceux issus des quartiers populaires. Toutefois, les « difficultés » que connaissent aujourd’hui les établissements scolaires ne sont pas le fait d’élèves potentiels agresseurs qu’il faudrait surveiller le plus possible, mais de la destruction systématique de l’école et des services publics et des politiques d’austérités qui privent les établissements des moyens nécessaire à l’enseignement et à l’accompagnement des élèves, qu’ils soient en difficultés scolaires ou sociales. Loin d’avoir besoin de toujours plus d’agents de sécurité ou de missionnaires du rectorat, c’est de moyens pour enseigner, accompagner, soigner et accueillir les élèves et les personnels dans de bonnes conditions que l’école à besoin.