Révéler des crimes d’Etat peut vous coûter cher. Ce matin, la journaliste d’investigation Ariane Lavrilleux a été perquisitionnée et arrêtée par la police et les services secrets français. La DGSI reproche à la journaliste d’avoir révélé des documents « confidentiel-défense ».

Dans une longue enquête publiée par Disclose en novembre 2021, la journaliste a dénoncé l’opération Sirli, une opération de l’armée égyptienne de bombardements ayant lieu dans l’ouest du pays, tuant de nombreux civils sous couvert de lutte antiterroriste. En réalité, ce sont surtout des trafiquants qui sont visés, grâce à l’appui des renseignements français, au cours d’une vingtaine de frappes qui est révélé grâce à une centaine de documents confidentiels qui, comme le pointe Disclose visaient à « documenter une campagne d’exécutions arbitraires orchestrée par la dictature égyptienne du maréchal Al-Sissi, avec la complicité de l’Etat français ». Mais c’est aussi tout le système de ventes d’armes à l’Egypte qui est décrit avec l’implication du ministre des affaires étrangères d’alors, Le Drian.

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C’est suite à ces révélations, et dans le cadre d’une enquête pour « compromission du secret de la défense nationale » et « révélation d’information pouvant conduire à identifier un agent protégé », que la journaliste a donc été perquisitionnée ce matin. Selon un communiqué du journal, « l’objectif de ce nouvel épisode d’intimidation inadmissible à l’égard des journalistes de Disclose est clair : identifier nos sources ayant permis de révéler l’opération militaire Sirli, en Égypte ». Disclose avait déjà été au cœur d’une campagne répressive semblable, quand, en décembre 2022, son cofondateur Geoffrey Livolsi avait été convoqué à la DGSI avec deux autres journalistes de Radio France.

De nombreux syndicats de journalistes, comme la Société des Journaliste de Médiapart, la Société des Journalistes de France TV, mais aussi Reporters Sans Frontières ou encore Amnesty International se sont solidarisés avec la journaliste, dénonçant tous et toutes une procédure inacceptable qui va à l’encontre du secret des sources des journalistes. Le comité de rédaction de Révolution Permanente, aux côtés de ces syndicats et ONG, réclame la libération immédiate d’Ariane Lavrilleux, le retrait de toutes les charges qui pèsent sur elle ainsi que la restitution de tout document ayant été perquisitionné par les services de renseignement ce matin. Liberté pour Ariane !