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Un niveau de crise politique inédit

Urgence au Brésil. Il faut lutter contre la procédure de destitution mais aussi contre les attaques du PT et les licenciements

Le Brésil vit un moment critique. Sans l'entrée en scène des travailleurs et de la jeunesse avec leurs propres méthodes de luttes, le coup d’État institutionnel de l'impeachment continuera à se renforcer par le haut, et ne sera en aucun cas freiné. Diana Assunção, secrétaire générale du Syndicat des Travailleurs de l’Université de Sao Paulo (SINTUSP)

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De nouveaux députés de l’opposition viennent de se prononcer en faveur de l’impeachment qui vise la présidente brésilienne – à savoir sa mise en accusation –, procédure prévue par la Constitution brésilienne, qui conduirait à l’éloigner du pouvoir. Les partis de droite comme le PP, le PSD et le PTB, que Lula avait tenté d’attirer pour sauver le gouvernement de ce jugement politique, ont décidé de se positionner en faveur de l’impeachment.

Partout où nous militons, sur chaque lieu de travail et d’étude, il est essentiel d’affirmer que la procédure d’impeachment est une manœuvre réactionnaire, un coup d’État institutionnel qui cherche à arracher des mains de l’ensemble des électeurs le destin du pays pour le mettre dans les mains de parlementaires, tout aussi corrompus que les dirigeants du Parti des Travailleurs. Il est fondamental de se prononcer contre l’impeachment tout en n’ayant aucune illusion pour ce gouvernement qui brade le pétrole brésilien du Pre-sal aux compagnies multinationales, qui a mis en place une loi anti-terroriste, responsable du massacre de peuples indigènes, et qui a permis les licenciements massifs. Il ne s’agit donc pas de soutenir ce gouvernement mais de se mobiliser massivement contre ses attaques.

Avec l’appui du patronat, le Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB) du vice-président Michel Temer et du président de la chambre des députés, Eduardo Cunha, liés à la droite « tucana » du Parti social-démocrate Brésilien (PSDB) de l’ancien président Fernando Henrique Cardoso, veulent cette procédure d’impeachment pour mettre en place un nouveau plan d’austérité. Plus dur, plus rapide. Temer a déjà déclaré que les « sacrifices » seront nécessaires.

Si la droite est à l’offensive au Brésil, c’est bien à cause de la politique du PT, qui n’a cessé de se lier à la droite, et qui tente aujourd’hui de se sortir de la crise en négociant toujours plus avec cette même droite lui offrant des postes et des profits.

Cette situation est aussi le résultat de la politique des organisations de masse dirigées ou influencées par la PT qui ont tout fait depuis une décennie, pour limiter la lutte contre les attaques menées par « leur » gouvernement. Cette orientation a constitué un frein pour que l’on soit en capacité de résister, y compris au niveau des différents États du pays, là où la droite « tucana » est au pouvoir.


Parallèlement, les patrons licencient à droite et à gauche, particulièrement dans l’industrie. Avec si peu de réactions, les patrons peuvent aller plus loin. Ce n’est pas un hasard si la Fédération des Industries de l’État de São Paolo, principale chambre patronale du pays, est l’une des plus favorables à l’impeachment.

L’impeachment ne peut pas se combattre à travers des meetings organisés par le PT. Si Dilma est écartée, un autre gouvernement de type Lula ou Dilma émergera avec un nouvel agenda austéritaire, attaquant de la même façon les travailleur,s sur fond de démagogie, et fera des petites concessions aux mouvements sociaux. Mais les attaques d’ordre structurelles se poursuivront. Ce gouvernement composera une unité avec les mêmes alliés de Dilma Roussef, actuels ou passés, appelant déjà à un pacte avec la droite pour éviter l’impeachment. Un pacte qui ne peut être qu’hostile aux travailleurs.

Devant la gravité de la situation de ce coup d’État institutionnel, mais aussi des plans d’austérité, contre les travailleurs de la fonction publique, dont certains ne voient plus leurs salaires versés par l’État, l’augmentation des licenciements dans l’industrie, l’ensemble des travailleurs doivent apporter une réponse.

La seule façon de contrer l’impeachment et ces attaques, c’est que l’ensemble des syndicats ainsi que le mouvement social rompent leur soutien au gouvernement, convoquent des assemblées générales au plus vite et organisent la lutte pour défendre les postes de travail et la fin de l’austérité. Cette bataille est celle que mène déjà le syndicat des travailleurs de l’Université de São Paulo (Sintusp) suivie par le Syndicat des Travailleurs du Métro de la capitale économique du pays ainsi que par ceux de l’industrie, des enseignants et d’autres secteurs. Indépendamment du résultat du vote de l’impeachment, ce dimanche, par la chambre des députés, il est urgent de mener ce combat.


Trad.E.D.


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