Ce vendredi, dans le centre commercial Petite Forêt en périphérie de Valenciennes, les salariés de l’hypermarché Auchan ont mené une action de débrayage à l’appel de FO suivie par la CGT et la CDFT après une interpellation des employées au près de leur délégués syndicaux. L’action, qui s’est déroulée entre 11h et 12h, a été suivie par près de 150 personnes sur les 250 employés du site pour interpeller leur direction sur la dégradation de leurs conditions de travail.

Pour les hôtes et les hôtesses du magasin, derrière la promotion d’un modèle plus « flexible », les conditions de travail sont en effet de plus en plus dures. «  Le nouveau modèle d’organisation fait que l’on est de moins en moins nombreux, ce qui les intéresse, ce sont juste les frais de personnel, ils ont peu de considération pour nous, il y a beaucoup de démission , d’arrêt de maladie, plus de 11 % par mois avant, c’était 6 % ce qui était déjà important » nous explique Hervé Seneca, délégué syndicale Force Ouvrière de la zone de vie du petit Valenciennois salarié à Auchan depuis près de 35 ans.

Avec la généralisation des caisses automatiques, les employés doivent cumuler les tâches : accueil des clients, vérification du passage en caisse automatique, prévention des vols, etc. « Ils font les agents de sécu, C’est un stress permanent, sans parler des incivilités et tensions liées à l’inflation qui engendre aussi une multiplication des vols », nous explique David Grassart, délégué syndical CGT de la zone de vie du Valenciennois.

À cela s’ajoute la question des salaires. « Les NAO (négociations annuelles obligatoire) sont insatisfaisantes, Auchan veut faire des augmentations de salaire par secteur, qui varient entre 5 et 11 %. Ils cherchent à diviser les salariés », poursuit David. Dans le même temps, la direction d’Auchan met fin à la GDI (Garantie de Développement Individu), une prime annuelle versée aux employés 2 fois par an et basée sur des objectifs quantitatifs et qualitatifs. Les anciens employés qui en bénéficient la verront passer sur leur fiche de paye, mais pour les nouveaux et ceux qui ne la touchent pas, ils n’en verront pas la couleur. Comme le rappelle David, à Auchan, on touche à peine au-dessus du SMIC en 35h, soit environ 1 400 euros nets en moyenne.

«  C’est un tout qui nous a poussé au débrayage, la souffrance au travail, la majorité des salariés qui sont au SMIC, l’inflation, le prix de l’énergie, de l’essence, c’est un ras le bol de tout ca. La direction est agressive avec les employées, ils sont prêt à nous mettre des sanctions pour tout, quand ils nous parlent mal, on nous dit que c’est de l’humour, ils nous méprisent. » explique Hervé Seneca. Le 5 mai, les représentants syndicaux rencontreront la direction, une date qui parait déjà trop lointaine pour les employés mobilisés.

Une situation conflictuelle avec une direction méprisante qui appelle les délégués syndicaux a stopper la récréation. « Si ça ne s’améliore pas, on continuera. La colère est énorme chez les employées des caisses comme chez ceux des produits frais et grande consommation » prévient Hervé.

Cette fois-ci, c’est le mode d’action du débrayage qui a été privilégié, étant moins lourd pour les employés vis-à-vis de leur salaire, dans un contexte où une partie d’entre eux se sont mobilisés contre la réforme des retraites et ont perdu 90 euros par jour. Cela faisait plus de 2 ans qu’une mobilisation dans le centre commercial de la Petite Forêt n’avait pas été aussi suivie. Un événement symptomatique de l’écho que pourrait trouver l’articulation de la revendication du retrait de la réforme des retraites à celle de l’augmentation générale des salaires et pour de meilleures conditions de travail dans le cadre du mouvement en cours à échelle nationale.