Un policier, auteur d’un tir mortel contre un Guinéen de 19 ans lors d’un contrôle routier le 14 juin dernier à Saint-Yrieix (Charente) a été mis en examen ce mercredi pour « homicide volontaire ».

Une mise en examen qui doit permettre au parquet « de mener des investigations supplémentaires, tenant notamment aux conditions de l’usage de l’arme et d’un possible état de légitime défense » explique le parquet d’Angoulème. Une déclaration qui tend d’ores et déjà à justifier le meurtre d’un jeune homme de 19 ans. Dans le même sens, l’IGPN a ouvert une enquête qui pointe la responsabilité du conducteur pour « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « refus d’obtempérer ».

Une version que les amis de la victime dénoncent en pointant les incohérences de la défense policière dans les colonnes du parisien. « Il avait son permis, il était en règle, pourquoi il aurait fui ? Quelqu’un qui prend la fuite, il ne s’arrête pas à un feu rouge, ça ne tient pas la route » expliquent ses proches qui dénoncent « une énième bavure raciste » de la police.

En outre, alors que cette affaire fait particulièrement écho aux effroyables images du meurtre de Nahel par la police mardi dernier, cette mise en examen vise également à tenter de calmer la colère de quartiers qui s’embrasent actuellement et qui qui pourraient également s’emparer de l’histoire d’Alhoussein. Comme dans l’affaire Nahel, les faits se sont déroulés au petit matin, alors que le jeune Alhoussein Camara emprunte le trajet qui « mène à son travail » sur une base logistique d’Intermarché. La scène n’a pas été filmée par le policier mis en cause, qui « était bien porteur d’une caméra piéton », mais « dont l’exploitation n’a pas été possible faute de charge suffisante […] au moment des faits".

En 2022, 13 décès ont été enregistrés lors de contrôles routiers. Un record et la conséquence directe des politiques sécuritaires des gouvernements successifs. Comme nous l’écrivions dans nos colonnes en réaction à l’exécution de Nahel : « En 2017, c’est par exemple sous Hollande qu’a été assoupli le cadre d’usage d’armes à feu par la police et inauguré la possibilité de tirer dès que les policiers constatent un « refus d’obtempérer », une date depuis laquelle le nombre d’homicides policiers a été multiplié par cinq. Dans le même temps, les lois successives concernant la police, de la Loi sécurité globale en 2020 à la LOPMI en 2022, n’ont fait qu’augmenter les moyens répressifs. En parallèle, ce qui est qualifié de « refus d’obtempérer » par les chiffres officiels, donc ceux fournis par les policiers et gendarmes eux-mêmes, a augmenté de 50% en dix ans. Quant aux tirs sur des véhicules en mouvement, ils ont augmenté depuis 2017. »

Alors que depuis deux nuits, les quartiers populaires s’embrasent contre la police, le racisme d’état et la répression, cette colère est légitime. Face à une justice toujours du côté de la police et les violences policières, il s’agit d’exiger plus que jamais vérité et justice pour Alhoussein, pour Nahel et pour toutes les victimes de la police.