Les élus FN du Nord-Pas-de-Calais ont multiplié, ce jeudi 28 janvier, les incidents pendant le Conseil Régional du Nord. Marine Le Pen était absente en raison de sa participation au meeting du groupe parlementaire européen d’extrême-droite, une absence opportune qui a pu sauvegarder l’apparence « modérée » de la candidate, conservant ainsi sa stratégie initiale de dédiabolisation. C’est donc le président du groupe FN, Philippe Eymery, qui a tenté de créer un incident de séance, en multipliant notamment les demandes de suspensions de séance (une dizaine de fois) et en accumulant les provocations afin d’empêcher la droite majoritaire de voter son budget. Le FN s’est abstenu sur toutes les mesures de la droite, majoritairement des subventions accordées aux agriculteurs et aux entreprises.

Au bout de dix heures, soit vers 22h, le président du groupe FN lance au président de l’assemblée régionale Les Républicains :« M. Bertrand, vous avez été ministre sous Chirac et Sarkozy, donc vous êtes coresponsable de cette situation. Un jour, l’histoire vous jugera ! ». À ce moment, la cinquantaine d’élus frontistes brandissait des pancartes « Je suis Calais » et « Je suis Grande-Synthe », avant d’entendre le conseiller régional FN, Jacques Danzin, lancer en direction de la majorité : « Vous nous prenez pour des niakoués ? ». Une phrase polémique que Xavier Bertrand ne manque pas de faire répéter. À 22 h 50, Gérald Darmanin, vice-président LR, enfonce le clou en annonçant qu’il y aura une suite juridique à l’utilisation de ce « vocabulaire » par le conseiller frontiste.

La maire LR de Calais, Natacha Bouchart, ainsi que l’ensemble de la droite, se défendent, avant d’entonner une Marseillaise. Une véritable scène de théâtre qui fait clairement le jeu du FN, et dont le seul but est de faire parler de lui sur le thème des réfugiés. Pris au piège par leur propre politique réactionnaire, la droite libérale rejoue la carte de l’indignation face aux provocations du FN. Pourtant, le camp de Grande-Synthe, situé sur une décharge, illustre à merveille la politique menée par le tandem LR-PS en matière d’accueil des réfugiés.

Pendant ce temps, en quelques mois, c’est près de 12 000 français qui, auprès des associations, se sont déclarés être prêts à accueillir des réfugiés chez eux. Pourtant, l’État fait tout pour que cet accueil n’ait pas lieu. C’est le prêtre Paul de Montgolfier, directeur de Jésuites Réfugiés Services (JRS) – difficilement suspect de gauchisme – qui déclare : « L’État freine à tout va ». La manifestation de soutien aux réfugiés à Calais a été couverte par les médias comme une succession d’incidents – notamment en dépeignant en voisin excédé, celui qui est en réalité un militant skinhead -, et jamais comme l’expression populaire d’un point de vue politique largement partagé. L’offensive xénophobe continue, alimentée par le PS, LR et, bien entendu, par le FN qui, derrière les provocations opportunistes, se réjouit de l’application de son programme par le gouvernement socialiste.